L'intervention de l'homme : Le progrès social
Le progrès social
Dans les sociétés primitives, les individus sont en quelque sorte interchangeables. Seuls le sexe, l’âge et l’habileté commandent la division du travail et la spécialisation, mais chaque unité familiale est à peu près capable de satisfaire à ses besoins, chaque membre du groupe est apte à toutes les besognes nécessaires.
Au contraire, la société moderne ne peut atteindre sa pleine efficacité que si chacun accepte le principe de la spécialisation et de la coopération, si chacun ne cherche pas à mener à bien n’importe quelle tâche.
Sommes-nous libres de ce fait ? Notre culture s’est-elle enrichie ?
La spécialisation, la division du travail apparaissent à première vue comme une libération. Elles exigent de chacun beaucoup moins de connaissances et moins d’aptitudes ; nous n’avons plus besoin de fabriquer nos outils, plus besoin de faire notre pain, plus besoin de construire notre maison… En réalité, nous sommes moins libres… Il y a 200 ans, si le boulanger d’un village s’était avisé de refuser un jour de faire du pain, tout le monde eût considéré la chose avec indifférence ; toute femme savait faire le pain, et dans la plupart des maisons, on trouvait le matériel nécessaire. Aujourd’hui, si le boulanger se met en grève, nous ne mangerons pas de pain parce que nous ne savons pas le faire, et parce que nous n’avons pas de four. Cet exemple dans une des plus anciennes spécialisations n’en est qu’un parmi d’autres plus démonstratifs encore que l’on pourrait trouver. C’est ainsi qu’en médecine où toute pratique postule l’appel à des collégiales diversifiées en spécialités de plus en plus précises et limitées, nous sommes absolument démunis sans notre entourage habituel ; la spécialisation ne nous a pas libérés…
La spécialisation est loin de signifier pour le plus grand nombre un enrichissement culturel. Qu’on mesure la distance entre l’ouvrier dit « spécialisé » qui peut se contenter de savoir placer une cheville dans un trou ou visser un boulon, et l’artisan capable de faire naître entre ses mains un objet entièrement fini dont il peut tirer une légitime fierté. La spécialisation suppose l’ignorance de tout ou presque tout ce qui concerne le travail des autres…, l’ignorance même du travail de celui qui travaille dans un autre atelier de la même entreprise… Il en est ainsi de plus en plus en médecine où nous ignorons souvent les techniques des spécialités très voisines de la nôtre, où nous serions incapables de réaliser des examens ou des actes que nous prescrivons chaque jour…
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