Loutres
Au sein des mustéli-dés, les loutres constituent une sous-famille distincte, les lutrinés, qui compte douze espèces. Leur adaptation au milieu aquatique n’a pas entraîné de modifications anatomiques aussi importantes que celles subies par les phoques ou par les otaries.
Nage, plongée et résistance au froid
L’adaptation des membres à la nage se limite, pour l’essentiel, à l’existence de membranes palmaires et plantaires. Celles-ci, plus ou moins développées, réunissent les cinq doigts, parfois munis de griffes, des membres antérieurs et postérieurs ; des modifications des muscles des mains et des pieds permettent de régler la tension de ces membranes.
Les membres sont néanmoins restés aptes à la marche; ceux de derrière sont même capables de supporter le poids du corps quand l’animal aux aguets se redresse à la verticale. La queue, de section ronde, forte à sa racine, est un vrai gouvernail. Le sous-poil de la fourrure, très épais, capte les bulles d’air et forme une couche isolante qui constitue un véritable imperméable et une protection contre le froid. Les vibrisses, raides, longues et tactiles, aident l’animal à trouver des proies dans des eaux fangeuses. Les plongées, de profondeur et de durée réduites (de 15 à 30 secondes en moyenne, 45 secondes au plus), ne nécessitent pas des modifications de l’appareil respiratoire aussi importantes que celles des pinnipèdes.
Une diversification liée au choix du régime
Tout en conservant leur habitude ancestrale de capturer des petits vertébrés terrestres, les loutres se sont engagées dans deux voies d’exploitation du milieu aquatique : les unes ont orienté leur prédation principalement vers les poissons, les autres vers les invertébrés tels que crustacés et mollusques. Cette divergence s’est répercutée sur la denture et la morphologie des membres.
Les loutres piscivores (genres Lutra et Pteronura) ont conservé des dents typiques de carnivores, ca¬pables de dilacérer des chairs. Les autres (Aonyx et Amblonyx, Enhydra) ont acquis des dents adaptées au broyage de corps durs et présentent une régression presque totale des griffes, ainsi qu’une réduction de la palmure des mains laissant leur mobilité aux doigts. Cette modification est liée à la nature et au mode de saisie des proies : les loutres piscivores poursuivent les poissons à la nage et les saisissent avec leur bouche ; les autres cherchent leurs proies à tâtons, dans des eaux souvent boueuses ou sous des pierres qu’elles retournent, et les portent à la bouche avec leurs mains.
Si les loutres piscivores sont très largement répandues dans le monde, les loutres malacophages sont en revanche limitées à l’Afrique, au sud du Sahara et à l’Asie du Sud-Est. La loutre de mer vit dans le nord du Pacifique.