Narval
Le bélouga Delphinapterüs leucas a un cou bien individualisé, ce qui est rare chez les cétacés ; dépourvu d’aileron dorsal, il arbore, adulte, un bec et un melon. Il possède quelques dizaines de dents, dont le rôle paraît secondaire dans l’alimentation, et pèse de 500 à 1 500 kilos. Le narval, Monodon monoceros, d’un poids équivalent, est blanc-gris taché de gris- vert. Sa défense, une canine supérieure gauche, est spiralée dans le sens inverse de celui des aiguilles d’une montre ; seuls les mâles en sont pourvus. Parfois, c’est l’incisive droite qui se développe, parfois les deux, et il arrive aussi que les femelles en soient armées (elles portent habituellement deux canines de 20 cm de long, incluses dans le maxillaire).
Des «baleines» polaires
Apparus il y a une vingtaine de millions d’années, les mono- dontidés se sont adaptés aux eaux glacées peu profondes.Fréquentant les côtes, les estuaires et les fjords, ils nagent volontiers près de la banquise, tout autour de l’océan Arctique. La zone la plus méridionale de leur répartition est l’île Sakhaline (Russie), au nord du Japon. Ils effectuent de petites migrations de quelques centaines de kilomètres. Le bélouga a été pourchassé pour sa graisse, le narval pour sa défense : leurs effectifs ont bien fondu depuis trois siècles, quoique le narval se révèle moins rare qu’on ne le pensait. Une chasse limitée subsiste au profit des autochtones de l’Arctique, mais elle n’est plus vraiment justifiée, ni traditionnelle.
Démonstratifs et bavards
Le bélouga, très sociable, est le cétacé le plus expressif : il émet une variété de sons sifflants, mugissants ou flûtés, qui l’ont fait surnommer « le canari des mers», et il possède un riche répertoire de mimiques et de gestes. Il se déplace presque toujours en troupeaux, qui comprennent parfois des milliers d’individus si la nourriture est abondante et concentrée. Dans les grands troupeaux, les bélougas s’assemblent par affinités d’âge et de sexe; ils se livrent à des joutes au cours desquelles ils se mordent à pleine gueule sans se blesser. Ils engraissent à la belle saison et prennent une couche de 10 à 20 centimètres de lard. Les bélougas consomment de la faune benthique, ou pélago-benthique : poissons en bancs, crabes et langoustines, coquillages et vers ; ils excellent à fouiller la vase et aspirent leurs proies, souvent glissantes.
De taille et d’estoc
Le narval est aussi sociable que le bélouga, mais il vit en troupes plus dispersées. Mâles et femelles suitées se groupent par affinités de sexe sans s’éloigner les uns des autres. Le narval, moins bruyant que le bélouga, a des expressions plus frustes. Les mâles se mesurent à coups de défenses, frappant de taille, mais les coups d’estoc ne sont pas rares et causent de graves blessures ; les femelles elles-mêmes peuvent être blessées par des mâles trop empressés. Le narval se nourrit vers le fond, avec une préférence pour les gadidés (morues, par exemple), les poissons plats, les crevettes et les calmars.
Chez les deux espèces, la maturité est atteinte vers cinq ans pour les femelles et huit ans pour les mâles. Les femelles qui vont mettre bas migrent plus au sud; la gestation dure plus de quatorze mois et les jumeaux sont rares. La mère s’isole près de la côte pour la naissance. Suivie de son petit, qui ne la quitte pas d’une nageoire, elle se rapproche progressivement des autres femelles. L’allaitement est très long, de un an et demi à deux ans. Certaines femelles ne mettent bas que tous les quatre ans. En grandissant, la tête ronde des petits s’allonge, tandis que se forment le melon et le bec. Chez le narval mâle, la défense ne pousse vraiment qu’avec la puberté ; elle s’allongera tout au long de la vie de l’animal, mais il arrive souvent qu’elle se brise lors des joutes entre adultes.
Vidéo : Narval
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Narval