Némertes
Les «vers pleins», ou acœlomates – chez qui l’espace entre l’épithélium et le tube digestif, dépourvu de cavité, est rempli de cellules -, disposent de possibilités évolutives limitées. On considère souvent que les némertes ont atteint un degré de complexité qui ne peut être dépassé pour ce type de structure. Les planaires ont “inventé» le système nerveux et la tête, ainsi que le système excréteur; les némertes vont plus loin encore en ouvrant le tube digestif par l’anus et en créant le système circulatoire. En revanche, l’évolution n’étant pas linéaire, les némertes n’ont pas mis au point le système génital complet : ils sont hermaphrodites.
La cavité digestive devient un tube digestif avec un anus terminal, ce qui permet un transit intestinal et une répartition des produits de la digestion tout le long du corps. Ce transport est aussi facilité par l’apparition de la circulation sanguine.
Un animal sans cœur
Le système circulatoire est clos, le sang circulant dans un vaisseau dorsal et deux vaisseaux latéro-ventraux. Ils sont réunis par de fins vaisseaux latéraux et une série de lacunes au niveau de la tête. Le sang est constitué par un plasma et des cellules circulantes, dont certaines contiennent de l’hémoglobine. Il n’y a pas de cœur et la circulation du sang, dans un sens comme dans l’autre, est assurée par les mouvements du corps. Le système excréteur s’accole au système circulatoire sous forme de groupes de cellules filtrantes, faisant hernie à l’intérieur des vaisseaux; l’urine est excrétée par des pores.
Plusieurs centaines d’yeux
Le système nerveux est constitué de deux ganglions cérébraux et de deux nerfs ventraux longeant les vaisseaux sanguins. Les némertes ont développé un système sensoriel adapté à leur mode de vie de chasseurs. Des cellules ciliées, sur tout le corps, ont un rôle tactile. Les yeux, plusieurs centaines, sont disposés selon un plan précis. La plupart sont de simples cupules de cellules photo-a-réceptrices, d’autres possèdent de véritables lentilles («cristallins») concentrant la lumière.
Le némerte possède au moins trois structures associées au sens chimique : un sillon antérieur, une paire de glandes frontales et, surtout, des «organes cérébraux» liés aux ganglions nerveux, qui mettent directement en contact le tissu nerveux et l’eau de mer par un petit canal cilié. Le némerte goûte – ou hume – l’eau. L’expérience montre qu’il est extrêmement sensible aux substances dissoutes.
On soupçonne un sens de l’audition (sensibilité aux vibrations), sans qu’il soit localisé avec précision. Tous ces sens permettent aux némertes de pister leurs proies.