Orvet
Même observé de près, l’orvet (Anguis fragilis) ne montre aucun vestige des membres que possédaient nécessairement ses ancêtres. Bien des détails anatomiques (la configuration rigide des os du crâne, des paupières mobiles, des oreilles visibles, marquées par une dépression en arrière de la tête, un cou indistinct, de petites écailles sur le ventre) montrent néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un serpent. En revanche, comme ce dernier, l’orvet analyse son environnement et détecte ses proies en sortant et rentrant continuellement sa langue allongée.
L’orvet peut atteindre 40 à 50 centimètres de long; il est souvent plus court, car il peut abandonner l’extrémité de sa queue à un prédateur éventuel – d’où le nom de «serpent de verre» qu’on lui donne parfois. Le corps, relativement rigide, est couvert de petites écailles lisses, d’aspect vernissé. Sa coloration de base varie du gris au brun clair; seule la femelle porte des bandes longitudinales sombres, et le mâle est parfois piqueté de bleu. Les nouveau-nés ont une robe tout à fait distincte ; flancs brun foncé, large bande dorsale dorée ou argentée, avec une étroite ligne médiane, également très sombre, qui s’élargit brusquement sur l’occiput.
Les orvets peuvent se regrouper sous un abri favorable : pierres, vieilles planches, détritus abandonnés ; actifs dès le début du printemps, ils ne sortent généralement qu’à l’aube ou au crépuscule, ou par temps frais et pluvieux. L’accouplement, qui peut durer plusieurs heures, est précédé de violents combats entre mâles. A la fin de l’été, la femelle, ovovivipare, dépose de cinq à vingt œufs transparents qui s’ouvrent rapidement pour libérer des nouveau-nés longs de 7 à 10 centimètres. Des orvets maintenus en captivité ont vécu une cinquantaine d’années.
Un orvet géant
L’aire de répartition de l’orvet couvre presque toute l’Europe, mais évite notamment la Corse. La famille des anguis- dés, qui comprend environ 75 espèces, se rencontre en Eurasie et habite aussi, de façon discontinue, le continent américain. Plusieurs espèces sont pourvues de membres. Le géant du groupe, le scheltopusik (Pseudopus apodusj, vigoureux lézard apode, vit de la côte adriatique aux steppes de l’Asie centrale et peut atteindre 1,50 m de long, pour un diamètre de 5 centimètres au milieu du corps. Diurne, rapide, il capture et dévore de gros insectes et des petits rongeurs, mais il semble que sa nourriture de prédilection soit composée de divers escargots.
Les anguidés appartiennent à un infra- ordre de lézards, les anguimorphes, qui comprend également les varans, les hé-lodermes et les lanthanotidés.