Oryctéropes
Les oryctéropes sont des ongulés primitifs, qui doivent probablement à leur mode de vie très spécialisé d’avoir survécu dans un environnement où ils avaient peu de concurrents. En grec, oryctérope signifie : qui creuse avec ses pattes. La main tétradactyle (à 4 doigts : il n’y a pas de pouce au membre antérieur) de cet animal porte de longues griffes qu’il utilise avec une redoutable efficacité pour creuser la terre et éventrer les termitières.
Un tunnelier infatigable
Arc-bouté sur sa queue musculeuse et ses pattes postérieures, qu’il utilise pour repousser les déblais derrière lui, l’oryctérope creuse une cavité assez vaste pour s’y cacher tout entier, en cinq à vingt minutes, selon la nature du sol. La vue de cet animal nocturne est faible; aussi, son odorat et son ouïe, très développés, jouent un rôle important dans la localisation des proies : lorsqu’il fourrage, il renifle le sol avec insistance, les oreilles tournées vers l’avant.
Les narines peuvent se fermer et portent de longues vibrisses servant de filtre anti poussière. La langue, longue (plus de 40 cm), étroite, aplatie et protractile, est un organe préhenseur, les insectes s’engluant dans la salive dont elle est recouverte. Les dents à croissance permanente, sans émail et sans racine, ne comprennent que des molaires identiques (de quatre à sept par demi-mâchoire). L’estomac est muni d’un pylore musculeux qui fait office de gésier et broie les aliments. La peau, d’abord gris clair et glabre, devient gris jaunâtre en vieillissant, tandis que le corps se couvre de soies sur les flancs et les pattes, la queue restant nue. On n’observe pas de graisse sous-cutanée : en effet, lorsque l’oryctérope sort, la température ambiante est très voisine de celle qui règne dans son terrier; ses besoins de régulation thermique sont donc faibles.
Prudents et discrets
Malgré leur taille importante (de 1,50 m à 2 m de long, queue comprise) et un poids de 40 à 100 kilos, les oryctéropes ont un comportement craintif qui, conjugué à des mœurs nocturnes, rend difficile l’étude de leur mode de vie. Ils vivent en solitaires ou en couples, et ne sont nombreux nulle part. On les trouve surtout en savane, et parfois en forêt. Bons nageurs, ils visitent les îles, et peuvent parcourir en une nuit de 2 à 30 kilomètres à la recherche de nourriture. Si celle-ci est abondante, ils s’installent dans un territoire limité, empruntant les mêmes passées et visitant les termitières à intervalles réguliers.
Leur urine est malodorante; et ils enterrent leurs fèces en forme d’olives dans un petit creux d’environ 10 centimètres de profondeur, recouvert de terre, au centre de leur territoire. Ils peuvent vivre dix ans en captivité, à l’abri de leurs prédateurs : chasseurs, lions, chacals et léopards. Attaqués, ils se couchent sur le dos, les pattes en l’air, et menacent l’agresseur de leurs griffes; puis ils s’enfuient, en bondissant pour prendre de la vitesse, et s’éloignent au trot.