Oryx
La plus petite espèce du groupe est l’impala Aepyceros melampus, qui ressemble à une gazelle, avec ses 60 kilos et d’élégantes cornes lyrées. La plus grande espèce est l’antilope-cheval rouanne Hip- potragus equinus, qui atteint 300 kilos. Bâties pour la course et paissant le museau en bas, ces antilopes ont l’encolure forte et le garrot plus haut que la croupe. Les cornes, en général imposantes et de formes variées – en guidon, en croissant, en lyre, en cimeterre -, sont davantage destinées à impressionner l’adversaire qu’à le blesser. Les pelages ont des couleurs franches ou contrastées, dont la tonalité va du blanc crème de l’addax au chocolat du mâle d’hippotrague noir.
On connaît deux espèces de gnous : le gnou à queue noire (Connochaetes tauri- nus) et le gnou à queue blanche (C. gnou), ces antilopes sombres, d’allure très bovine, sont assez disgracieuses. Plus élégants sont les bubales (Alcelaphus spp.), avec leur livrée ocre ou sable; les trois espèces ont toutes une étrange tête au front redressé portant des cornes annelées très robustes. Les quatre damalisques (Damaliscus spp.) sont les antilopes les plus jolies de ce groupe à forte tête : leur robe allie le chocolat ou l’ocre avec le blanc. Dans la tribu des hippotragins, outre les deux Hippo- tragns (l’hippotrague rouan et l’hippotrague noir à la superbe envolée de cornes), les trois oryx se remarquent par leur pelage très clair, vivement souligné de liserés roux ou noirs, et par leurs immenses cornes en forme de dague (chez le gemsbok, le beisa, et l’oryx d’Arabie) ou de cimeterre (chez l’algazelle).
Des immigrants doués mais en danger
Nés il y a environ 10 millions d’années en Asie, les hippotragins ont par la suite envahi l’Afrique, où ils ont prospéré, alors que le groupe s’éteignait dans son aire natale. C’est l’un des nombreux groupes adaptés à la fois à la sécheresse et aux paysages ouverts. Aujourd’hui confinés à l’Afrique, ils étaient répandus dans l’Antiquité jusqu’en Mésopotamie. Habitants de la savane arborée jusqu’au cœur du désert, les hippotragins savent se contenter d’herbe rase ou de végétation éparse.
Les Égyptiens domestiquèrent l’addax Addax nasomaculatus et l’oryx algazelle Oryx dammah ; ironie du sort, ces deux espèces sont dans une situation désespérée en Afrique, où leur extinction est imminente : elles ne peuvent pas survivre à la triple conjonction chasseur, voiture tout- terrain, fusil à lunette». Ces animaux sont plus nombreux aujourd’hui dans les zoos et les parcs des ranchs texans que dans la nature. Sont également très menacés l’oryx d’Arabie et -certaines formes du bubale commun ; quant à Fhippotrague rouan, au damalisque topi, au bubale de Hunter et au cobe letchwé, leurs jours sont comptés.
Des paisseurs sélectifs, marcheurs et grégaires
Bien qu’ils soient adaptés à une nourriture frugale, les hippotragins sélectionnent les herbacées et les feuillages qu’ils consomment. On note trois modes extrêmes d’alimentation : le topi Damalis- cus lunatus réclame des prairies vertes; l’impala se nourrit en lisière de forêt ; l’oryx algazelle et l’addax font ventre de tout type de végétation.
Certaines espèces étaient migratrices : les gnous suivaient les pluies et la repousse des herbages. Les migrations de ces animaux sont désormais entravées par les cultures et l’extension des milieux colonisés par l’homme.
Les types de sociabilité vont de la territorialité temporaire des mâles impalas à la territorialité limitée aux haltes du troupeau chez les gnous. Curieuse aussi, la sociabilité de l’oryx algazelle et de l’addax : ces nomades ne possèdent pas de territoire, mais le groupe lui-même est interdit aux étrangers, les femelles se montrant ici aussi agressives que les mâles. Chez les espèces les plus grégaires, et chez l’impala, les naissances sont très rapprochées : la moitié, ou plus, des jeunes de l’année périssent sous les dents des prédateurs. Un massacre limité dans le temps, car les jeunes acquièrent après quelques semaines des capacités de course surprenantes.
Toutes ces antilopes sont inlassablement pourchassées par les grands et petits fauves. Le lion, la panthère et le guépard sont, bien sûr, leurs principaux prédateurs mais les deux espèces d’hyènes, les trois espèces de chacals et le lycaon ne sont guère moins redoutables pour tous ces herbivores sociaux. Cependant même les grands prédateurs s’attaquent plus volontiers aux jeunes et aux malades qu’aux adultes en bonne santé : pour une lionne, un hippotragus décidé à se défendre n’est pas une mince affaire. En choisissant les plus faibles, les prédateurs économisent leurs forces et leur santé; ils limitent le surplus des naissances et éliminent les bêtes mal en point (vieilles, malades, blessées) qui gênent les déplacements du troupeau.
Les grands félins terrassent et tuent rapidement leur proie ; avec les hyènes et les canidés, qui chassent en groupe mais manquent de vitesse- et de force dans les mâchoires, la mise à mort est plus longue et plus aléatoire. La prédation de ces «seconds couteaux-, pour être moins connue, n’en est pas moins efficace : là où les grands félins se raréfient, hyénidés et canidés deviennent des prédateurs majeurs.
Vidéo : Oryx
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Oryx