Parasitisme
Dans la synécie, les deux partenaires -ont régulièrement associés, de façon neutre, sans que l’un soit pour l’autre une source d’avantages ou d’inconvénients : ainsi certains animaux marins se fixent-ils à demeure sur la coquille de mollusques gastéropodes ou bivalves.
Les commensaux exploitent le régime alimentaire d’un autre animal : les vautours, par exemple, se nourrissent des restes abandonnés par des carnivores chasseurs. Certains commensaux se font transporter : on donne à ce comportement le nom de phorésie; c’est le cas du rémora, qui se fixe aux requins par sa nageoire dorsale transformée en ventouse. Parfois, c’est le commensal qui attire l’attention sur la nourriture : le vol en cercle des vautours autour d’une carcasse attire d’autres charognards. Notons également le cas d’un oiseau, l’indicateur , qui informe par cm cri particulier le ratel ( une sorte de blaireau) de la présence de nids d’abeilles sauvages : tandis que le petit mammifère extrait le miel des rayons, l’oiseau picore le couvain.
Il s’agit là d’un phénomène de transition avec le mutualisme (ou symbiose), qui est l’association étroite d’organismes différents : certaines fourmis élèvent des pucerons et se nourrissent de leurs excréments, riches en sucre; elles les défendent contre leurs prédateurs et les transportenta sur les plantes, dont ils peuvent aspirer la sève. On observe également une association de type mutualiste entre certaines antilopes et des singes.
Parasitisme n’est pas forcément nuisance
Le mot parasite vient du grec parasitos, de para : à côté, et sitos : nourriture, et signifie donc «celui qui mange à côté d’un autre». Dans l’Antiquité, on désignait ainsi l’homme qui dépendait, pour sa nourriture, d’une personne riche qu’il devait, en échange, divertir. En biologie, le parasitisme est le mode de vie des organismes qui vivent tout ou partie de leur existence en association avec un hôte aux dépens duquel ils se nourrissent et qu’ils ne détruisent pas, sauf lorsqu’ils sont trop nombreux. Ainsi, le parasitisme n’est pas obligatoirement nocif : un parasite qui détruirait son hôte rapidement menacerait du même coup sa propre survie. Certains parasites sont inoffensifs voire utiles : les infusoires, qui vivent dans le tube digestif des ruminants, des lagomorphes ou des termites, sont indispensables à la digestion de la cellulose. Il est, par conséquent, souvent difficile de définir la limite entre parasitisme, mutualisme, commensalisme, et même prédation : les sangsues ou les vampires, qui se nourrissent du sang d’autres organismes, peuvent être considérés comme des parasites ou des prédateurs.
Séclusion et cycle du parasite
On désigne par séclusion, (du grec secludo : isoler), l’ensemble des adaptations qui permettent aux parasites d’échapper aux influences du milieu extérieur. Au cours de l’évolution des lignées parasitaires, on observe que la séclusion tend à devenir plus complète, c’est-à-dire que les périodes pendant lesquelles les organismes parasites vivent dans le milieu extérieur sont de plus en plus courtes. En phase finale, l’isolement étant parfait, l’existence entière du parasite se déroule dans le même individu hôte. Ce cas idéal (pour le parasite) est rarement réalisé.- En effet, pour survivre à son hôte, qu’il soit ou non responsable de sa mort, le parasite doit pouvoir infester périodiquement des hôtes nouveaux.
Pour éviter un passage dans le milieu extérieur, il n’existe que deux moyens : être ingéré par le prédateur de l’hôte (dans le cas de la trichinose, par exemple, voir Vers ronds), ou infester directement la descendance d’une femelle hôte, en contaminant ses œufs ou ses jeunes dans l’utérus (clans le cas du virus du SIDA, par exemple). L’ensemble des étapes qui permettent au parasite de survivre en changeant périodiquement d’hôte constitue son cycle.
Spécificité, capture et coévolution
La spécificité est l’adaptation plus ou moins exclusive des parasites à un hôte, ou à un groupe d’hôtes : selon les cas, on parlera de spécificité étroite, large, ou d’absence de spécificité (parasite ubiquiste). Une spécificité étroite témoigne, le plus souvent, d’une longue association avec un groupe hôte.
Lorsqu’une lignée d’hôtes et ses parasites ont évolué ensemble, il y a coévolution : l’expansion et la diversification du groupe parasitaire sont contemporaines de celles du groupe hôte.
L’évolution des uns et des’ autres suit parfois des voies si proches que, connaissant les parasites, on peut établir la parenté zoologique de leurs hôtes. Il arrive toutefois qu’un «phénomène de capture» permette aux parasites de coloniser des animaux appartenant à un groupe zoologique différent de celui de leurs hôtes d’origine. Les stades larvaires, en effet, généralement moins spécifiques que les stades adultes, peuvent atteindre des es- pèces-hôtes plus variées. C’est l’occasion pour le parasite d’«essayer» de nouveaux hôtes; si l’un d’eux lui convient, il peut devenir un hôte habituel. Le parasite élargit ainsi progressivement son spectre d’hôtes, ou se transforme pour s’adapter à un nouvel hôte et donner naissance à une nouvelle espèce parasite.
La phylogénie des parasites reflète donc, plus ou moins, celle de leurs hôtes, et l’étude de leur répartition réciproque permet d’étayer certaines hypothèses biogéographiques. Ainsi, lorsque la répartition de deux espèces étroitement apparentées est para-patrique, plus leurs faunes parasitaires sont similaires, plus il est probable que ces espèces ont été récemment réunies. Dans ce cas, on peut estimer que l’espèce qui abrite la faune parasitaire la plus diversifiée habite dans la région géographique d’origine. D’une manière générale, on observe également que plus le groupe auquel appartient l’hôte est vaste et répandu, plus sa faune parasitaire est abondante et variée; et que plus un hôte est primitif, plus ses parasites le sont également.