Péripates
Ces animaux curieux, découverts tardivement, se situent entre les annélides et les arthropodes. Comme chez les uns et les autres, le corps est segmenté; comme les annélides, ils ont des pattes (lobopodes) non articulées ; comme les arthropodes, ils sont recouverts d’une cuticule et muent ; mais ils représentent probablement une lignée autonome.
Une glande à glu et deux lames coupantes
Leurs pattes en forme de moignons (de 14 à 43 paires) se terminent chacune par un crochet bifide. Ils possèdent deux antennes et deux papilles nerveuses, au centre desquelles débouchent des glandes à glu, capables d’émettre une sécrétion visqueuse qui coagule au contact de l’air et leur sert à se défendre ou à capturer leurs proies. Cette sécrétion, projetée parfois jusqu’à 50 centimètres, s’abat comme un filet et peut réduire à l’impuissance un ennemi de la taille d’un scorpion, dont elle obture les stigmates respiratoires, provoquant ainsi son asphyxie.
Autour de la bouche, les péripates possèdent un appareil formé de deux lames coupantes, avec lesquelles ils incisent leurs proies. Ils injectent alors de la salive, qui contient des sucs digestifs et liquéfie les tissus, puis ils boivent la «soupe» ainsi obtenue.
Certaines espèces atteignent 15 centimètres de long et peuvent s’attaquer à des animaux relativement grands : insectes, chenilles, vers annelés, escargots. Ils recherchent particulièrement les termites : dans certains pays, on a pensé les introduire dans les habitations afin d’en protéger la charpente. Ils sont également capables d’absorber les fibres du bois pourri, ou de se dévorer entre eux, si on les maintient en captivité sans les alimenter.
Comment se reproduire à travers la peau
Les trachées de ces animaux, analogues à celles des arthropodes, s’ouvrent par de nombreux orifices répartis irrégulièrement à la surface du corps. L’air y pénètre directement et alimente les organes en oxygène sans l’entremise de la circulation sanguine.
Les péripates ne s’accouplent pas véritablement : les spermatozoïdes du mâle, rassemblés dans de petits sacs, les spermatophores, sont déposés sur la femelle; au contact, les tissus de la peau sont détruits localement et le sperme chemine à l’intérieur du corps jusqu’aux ovaires. Les femelles sont probablement inséminées une seule fois au cours de leur vie. Pendant un an, avant d’être fécondés, les œufs d’une femelle jeune se nourrissent d’une partie des spermatozoïdes.
Une mère attentionnée
Certaines espèces sud-américaines sont vivipares : l’embryon, enfermé dans une loge incubatrice, forme un pédicule fixé à la paroi de l’utérus par un épaississement où se font les échanges avec le sang de la mère. Il s’agit donc d’un véritable placenta. Celui-ci et le pédicule disparaissent ensuite et l’embryon se retrouve libre dans l’utérus. La durée du développement varie de six à treize mois. Certains péripates protègent leur progéniture : la mère écarte les mâles et ses petits se rassemblent autour d’elle lorsqu’ils sont inquiétés.
La plupart des péripates vivent au voisinage de l’eau, dans des endroits très humides et sombres : berge des fleuves, bois pourris, feuilles mortes. Leur longévité peut atteindre trois ans.