Poisson téléostéens
Vous venez d’acheter un poisson au marché ou d’en ferrer un au bout de votre ligne. Une bonne occasion pour faire connaissance avec lui. Avant toute chose, examinez sa forme, ses couleurs, ses nageoires et les rayons qui les soutiennent; est-il couvert d’écailles, quelle forme ont-elles?
Un peu d’anatomie
Sur la tête, limitée par les opercules, on voit la bouche, l’œil et les deux orifices de la narine; les os operculaires portent-ils des épines, sont-ils crénelés? Les flancs sont en général parcourus d’une ligne d’écailles spéciales, percées d’un orifice, qui forment la ligne latérale ; cette dernière se poursuit sur la tête par d’autres orifices plus ou moins visibles ; l’ensemble constitue un organe sensoriel qui peut détecter l’écoulement de l’eau, les sons de faible fréquence ou les champs électriques.
Inutile de chercher si ce poisson est mâle ou femelle. Le plus souvent, le dimorphisme sexuel est à peu près inexistant chez les téléostéens et, dans le cas contraire, il se limite soit à une différence de taille, soit à des colorations spéciales au moment de la maturation des produits génitaux. Seuls les mâles de quelques petites espèces de l’ordre des cyprinodonti- formes possèdent un organe copulateur formé à partir de la nageoire anale.
Si l’on écarte doucement les opercules, on aperçoit les feuillets branchiaux ; leur aspect rouge et brillant est un gage de fraîcheur. Fendons maintenant la peau du ventre du poisson. Nous mettons tout d’abord en évidence le cœur, situé juste en arrière des branchies. Il est formé de quatre cavités, qui ne sont pas les mêmes que celles du cœur humain : un seul ventricule, précédé d’un bulbe aortique, et une seule oreillette, que suit le sinus veineux. Le sang parcourt ce cœur tubulaire d’arrière en avant et gagne les branchies où il abandonne son gaz carbonique et s’enrichit en oxygène.
De l’œsophage à la vessie gazeuse
Le tube digestif commence par l’œsophage, situé juste en arrière de la cavité branchiale, se poursuit par un estomac aux limites souvent imprécises, sauf si l’espèce possède des caecums pyloriques qui marquent sa limite postérieure; ces organes sécrètent les enzymes qui assurent la digestion du bol alimentaire. Vient ensuite l’intestin, qui conserve le même diamètre jusqu’à l’anus. Le foie et la rate sont bien visibles, mais le pancréas est diffus. Au- dessus de l’estomac se trouve la vessie gazeuse ; elle est reliée à la partie postérieure du pharynx par un canal pneumatique chez des poissons comme la sardine, la carpe ou le poisson-chat (poissons dits physostomes); chez d’autres espèces comme la perche, le canal a disparu chez l’adulte et la vessie est close (poissons physoclistes) ; chez d’autres encore, notamment celles qui vivent près du fond, la vessie gazeuse est absente.
Les reins des poissons sont difficiles à voir. Ils sont situés au plafond de la cavité générale et forment une masse allongée et peu saillante, d’un rouge vineux. Les uretères aboutissent à un pore excréteur situé en arrière de l’anus. Les derniers organes importants de la cavité viscérale sont les gonades, mais elles ne sont souvent bien visibles qu’au moment de la maturité sexuelle. Les testicules ont en général la forme de petits boudins blanchâtres, tandis que les ovaires, peu avant la ponte, forment des masses importantes (on identifie alors les femelles à leur gros ventre). Chez les espèces primitives comme les truites et les saumons, le poisson-clown (Amphiprion ocellaris) évolue en toute impunité entre les tentacules urticants d’une anémone de mer, partageant avec elle les petites proies qu’il attire par ses mouvements : un cas typique de commensalisme.
les gamètes sont déversés dans la cavité générale, qui s’ouvre à l’extérieur par un entonnoir au moment des accouplements. Les pisciculteurs recourent souvent à la fécondation «à sec» pour diminuer les risques de pertes : on presse doucement le ventre de la femelle pour en faire sortir les ovocytes, puis on fait de même avec un mâle et on arrose les œufs de laitance. On porte ensuite les œufs fécondés dans l’eau.
Les modes de reproduction
La plupart des téléostéens sont gonochoriques (mâles et femelles sont bien distincts) et ovipares. Quelques espèces sont hermaphrodites, mais d’une façon assez particulière : chaque individu est d’abord mâle puis femelle (ou l’inverse), si bien que l’autofécondation n’est pas possible.
D’autres espèces ont des gonades comportant à la fois ovaire et testicule, mais là encore il semble que les fécondations croisées soient la règle. Très peu d’espèces sont vivipares ; dans ce cas, les femelles conservent les œufs fécondés dans leurs voies génitales et se contentent de leur fournir l’oxygène nécessaire à leur développement. Deux stratégies sont de règle chez les ovipares. Les uns pondent un grand nombre d’œufs de petite taille qu’ils abandonnent à leur sort; d’autres, au contraire, pondent un petit nombre d’œufs de grande taille, le plus souvent dans des nids aménagés, et prennent soin de leur progéniture en surveillant et en ventilant la ponte, puis souvent en protégeant les alevins des prédateurs éventuels : dans ce cas, ce sont fréquemment les mâles qui jouent le rôle essentiel.