Poissons-lanternes
Les profondeurs marines au-delà de 300 mètres, où ne parvient jamais la lumière du jour, sont peuplées de poissons qui pour la plupart sont dotés d’organes lumineux, ou photophores, et d’yeux de grande taille, parfois télescopiques.
L’empire des ténèbres
Les photophores n’ont pas pour fonction d’éclairer le milieu où vivent les poissons, mais ils leur permettent de signaler leur présence, à la saison des amours par exemple. Sans cette possibilité de se voir de loin et de s’identifier, les individus de la même espèce auraient peu de chances de se rencontrer. On a calculé que les deux tiers des espèces bathypélagiques, ce qui représente quatre cinquième des individus, possèdent de tels organes. Elles appartiennent à une douzaine de familles réparties en quatre ordres distincts. La plupart ont la peau nue, une seconde nageoire dorsale adipeuse et un squelette faiblement ossifié ; la vessie natatoire manque le plus souvent.
Les myctophiformes, avec plus de 235 espèces, sont les plus nombreux. Le nombre, la taille, l’emplacement et la disposition relative de leurs photophores sont caractéristiques de chaque espèce. Des migrations verticales les conduisent la nuit vers la surface, entre 10 et 100 mètres, et le jour en profondeur, entre 300 et 1 200 mètres. Chez les séarsidés, qui sont des salmoniformes, chaque épaule porte un organe lumineux s’ouvrant à l’extérieur par un étroit canal.
Les photophores des stomiiformes sont alignés sur les flancs comme les hublots d’un paquebot. Les hachettes d’argent, au corps court et fortement comprimé, possèdent, outre des photophores, des plaques argentées qui servent de réflecteurs et nimbent la silhouette du poisson. Les mélanostomiatidés ont à l’extrémité d’un barbillon mentonnier un photophore qui sert probablement de leurre. Plusieurs stomiiformes, Chauliodus en particulier, avec sa bouche profondément fendue et ses crocs acérés, recourbés vers l’arrière pour empêcher la proie de s’échapper, ont un air terrifiant. Rassurez-vous, l’un des plus grands, Icliacan- thus, ne mesure que 25 centimètres de long. Ses larves sont tout à fait curieuses avec leurs yeux situés à l’extrémité de longs pédoncules.
Le poisson-pélican
Dans les eaux obscures, le plus monstrueux des grandgousiers (de -grand gosier»), Eurypharynx, mérite bien son ap-pellation rabelaisienne, tant sa bouche et son estomac sont disproportionnés par rapport au reste du corps. Un jeu de bascule et d’extension des mâchoires, rattachées au reste du crâne par des liga-ments souples, transforme la bouche en un entonnoir béant susceptible d’ingurgiter d’un seul coup, sans les déchiqueter ou les broyer, des proies volumineuses (crevettes ou poissons), plusieurs fois plus grandes que son corps. Ce repas pantagruélique, avalé au hasard des rencontres, trouve place dans un estomac très dilatable ; la digestion est lente, ce qui compense la rareté des proies dans un univers aussi inhospitalier. Eurypharynx, typique de la faune des anguilliformes bathy-pélagiques, a de plus la particularité d’être le seul téléostéen à posséder cinq paires de branchies fonctionnelles.
Vidéo : Poissons-lanternes
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