Rainettes
La rainette verte d’Europe, Hyla arborea (hyla vient du grec hulê : bois), vit non loin de l’eau, surtout en plaine, dans les roselières, les buissons et les arbustes des rives, mais aussi dans les parcs et les jar-dins. Elle apprécie les longues expositions au soleil, singularité qui trahit sans doute les affinités tropicales de la famille.
L’appel du chœur
L’élégante rainette verte est longue, à l’âge adulte, de 5 centimètres environ pour une masse de 8 à 12 grammes. Le mâle est plus menu que la femelle, mais il se distingue surtout par son sac vocal, grosse poche située sous la gorge et qui, gonflée, sert de caisse de résonance lors du chant. La gorge de la femelle est lisse et blanchâtre. Les chants, très puissants, commencent dès le printemps, jusqu’à la fin de l’été; ils débutent au crépuscule par un appel solitaire ; puis se forme un chœur assourdissant qui se prolonge tard dans la nuit.
Ces chants sont des appels. Les mâles se réunissent, dans l’eau d’une mare, d’une gravière ou d’une rivière, puis sur les rives. Les femelles sont attirées par la puissance sonore du chœur, et se regroupent progressivement sur le lieu de ponte, choisissant leur partenaire. L’amplexus (accouplement) est lombaire : le mâle enserre la femelle en l’embrassant autour des hanches. Celle-ci, fécondée au moment même de la ponte, dépose les œufs en paquets d’un millier environ, et les fixe aux plantes aquatiques à l’aide de ses pattes arrière. Les têtards (se reconnaissant à leur robe sombre tachetée d’or et à leur haute crête caudale transparente) se métamorphosent au bout de trois mois et les petites rainettes, longues de 12 à 18 millimètres, gagnent la végétation de la berge. Elles seront adultes à l’âge de deux ou trois ans.
Le centre de dispersion principal des hylidés se situe en Amérique tropicale, où l’on rencontre la quasi-totalité des genres reconnus et la plus grande partie de ses 500 espèces. Le genre Hyla – qui comprend les deux espèces européennes de la famille – s’est largement diversifié dans la région australienne. Curieuse-ment, deux genres présents en Amérique du Nord, Acris et Pseudacris (les rai- nettes-criquets) ont abandonné secondairement l’existence arboricole pour redevenir terrestres ; leurs pattes se sont modifiées en conséquence, et les disques digitaux sont atrophiés. De nombreuses rainettes exotiques ont des mœurs semblables à celles de notre rainette verte. En Amérique du Sud, on observe toutefois des adaptations remarquables, associées notamment à la reproduction.
Des grenouilles marsupiales
Le mâle de la rainette forgeron (Hyla faber) édifie dans la boue une sorte de cratère. En criant, il attend là chaque nuit une compagne : les œufs déposés dans le bassin seront mieux protégés contre d’éventuels prédateurs. Pour per-pétuer leur espèce, mâle et femelle de certaines Phyllomedusa recherchent une feuille située un peu au-dessus du niveau de l’eau. Les larves du genre Fritziana sont portées par la femelle jusqu’à un stade avancé de leur développement : celle-ci possède une sorte de cuvette dorsale dans laquelle baignent les têtards. Étape ultime de cette tendance évolutive, les rainettes marsupiales (genres Gastrotheca et Amphignatbodori) possèdent une poche dorsale, qui ne s’ouvre que par une fente. Au moment de la ponte, les œufs glissent un par un dans cette poche, fécondés au passage par le mâle. Les larves s‘y développent, plus ou moins complètement selon les espèces. Certaines gardent un grand nombre d’œufs (jusqu’à 200) et doivent libérer les têtards avant la métamorphose, d’autres n’en abritent qu’une vingtaine, riches en vitellus, et mettent au monde des petites rainettes complètement formées.
Vidéo : Rainettes
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