Sphinx
La famille des sphingidés, désormais considérée comme appartenant aux bombycoïdes, regroupe des papillons de taille moyenne à très grande, dont le corps très puissant et effilé soutient des ailes allongées, triangulaires et le plus souvent pointues. La plupart ont des antennes fusiformes, quelques-unes étant dentées ou pectinées. Leur trompe est longue, parfois immense (elle peut atteindre 280 mm!), et il a été établi que la longueur de cet organe variait géographiquement. Quelques sphinx ont cependant une trompe très courte, comme le sphinx tête-de-mort (Acherontia atro- pos), qui utilise cet organe pour perforer les cellules des ruches afin d’en pomper le miel; la trompe est atrophiée et non fonctionnelle chez les Smerinthus.
Les sphinx sont capables d’adopter un vol stationnaire pour butiner les corolles profondes de certaines fleurs, à la manière des oiseaux-mouches. La plupart des chenilles de sphinx présentent une «corne» sur le huitième segment abdominal. Au repos, ces créatures relèvent la partie antérieure de leur corps, évoquant le Sphinx égyptien, d’où leur nom. La plupart des chenilles sont glabres et dotées de bandes obliques qui les camouflent bien dans leur milieu.
Des migrateurs remarquables
Surtout tropicaux, les sphinx affectionnent les régions chaudes. Toutefois, un certain nombre d’entre eux effectuent régulièrement de longues migrations, qui peuvent les amener jusqu’en Scandinavie les années favorables. Si les espèces sédentaires ont d’ordinaire des ailes triangulaires évoquant des morceaux de feuilles (sphinx du peuplier, par exemple), les espèces migratrices possèdent des ailes très pointues parfaitement adaptées au vol. Chaque année, le sphinx du liseron entreprend de mai à juillet de longues migrations, effectuant des milliers de kilomètres pour se répandre en Europe. Il donne ainsi une génération estivale de papillons, qui se mêle parfois aux émigrants tardifs. Dans nos régions, cette espèce, qui ne résiste pas aux rigueurs de l’hiver, vient essentiellement d’Afrique du Nord, mais elle est également autochtone en Afrique tropicale, en Asie et même jusqu’en Australie. Parmi les autres migrateurs notoires, on ne peut manquer de mentionner plus spécialement le sphinx tête-de-mort, le sphinx du laurier-rose (Daphnis nerii) et le phœnix (Hippotion celerio).
Frelons ou papillons ?
Les rares sphinx diurnes comptent quelques espèces dans nos régions. Parmi ceux-ci, le sphinx-bourdon (Hemaris tityus) et le sphinx gazé (Hemaris fuci- formis) sont de singuliers papillons qui évoquent de gros hyménoptères. Grâce à un vol vibré extrêmement rapide, ils peuvent pratiquer un vol stationnaire pour butiner les fleurs. Au moment de l’éclosion, les adultes ont les ailes recouvertes d’écailles, qui disparaissent au bout de quelques heures, sauf sur le pourtour. Leur abdomen annelé de clair et de sombre évoque irrésistiblement les frelons ou les gros bourdons. ‘Très farouches et capables de voler très rapidement, ces curieux lépidoptères passent le plus souvent inaperçus, à moins qu’on ne les confonde avec de gros frelons.