Tout les polluants finissent dans la mer
Les eaux qui courent à la surface des continents drainent toutes sortes de polluants. Et on ne mesure pas à quel point la pollution des eaux continentales et des sols est un élément essentiel dans le phénomène de pollution à l’échelle de la planète. Les eaux continentales rejoignent quoiqu’il arrive la mer par les fleuves. Elles drainent ainsi l’ensemble des polluants issus des activités humaines et les déversent à gros débit dans les océans. Il s’agit de quantités énormes qui, chaque année, finissent dans les océans. Et on estime que 70 % de la pollution marine est d’origine continentale. Les marées noires pourtant si impressionnantes ne représentent que 3 % des pollutions déversées tous les ans dans la mer. Le reste de la pollution étant dû aux dégazages et à toutes les autres activités humaines en prise directe avec la mer, depuis l’exploitation pétrolière, jusqu’aux activités portuaires, en passant par les naufrages de bateaux transportant des matières dangereuses.
Le « contaminé » devient « contaminant »
La contamination des organismes marins par les polluants persistants transforme une importante ressource alimentaire en la principale source de contamination de l’espèce humaine.
Car évidemment, les organismes aquatiques sont particulièrement exposés à la pollution de l’eau, mais plus que dans aucun autre milieu, la bioaccumulation qui s’opère tout au long de la chaîne est particulièrement présente dans les océans. Malgré une dilution importante, les substances dissoutes finissent par être prélevées dans le milieu par le phytoplancton, les algues ou par des animaux présentant une affinité particulière ou un mode de vie qui les expose en particulier. Ces organismes constituent la nourriture d’animaux, qui seront à leur tour mangés et ainsi de suite du plus petit au plus gros. Chaque maillon de la chaîne alimentaire se nourrit de multiples individus du maillon précédent, et cela multiplie à chaque fois la quantité de polluants absorbés et stockés.
Par exemple, la graisse et les muscles des dauphins contiennent de fortes quantités de composés organochlorés et de nombreux poissons présentent des taux importants de mercure et de métaux lourds. Et nous les humains, nous sommes vraiment au bout de la chaîne alimentaire !
La croissance des déchets
Face à l’immensité de l’océan, les hommes ont cru pendant longtemps que ce qu’ils y déversaient se perdait. Et effectivement, le volume d’eau que représente l’ensemble des mers et des océans est colossal. On a ainsi pensé que les substances que nous y relâchions se diluaient et devenaient quantité négligeable. Mais la réalité s’avère un peu différente, et le développement de la société, basé sur une croissance permanente de la consommation, s’accompagne inéluctablement d’une croissance non moins permanente des déchets. Et on commence à prendre conscience que les quantités de déchets rejetées dans les océans ne sont pas si petites que cela. On s’est aperçu que tous les fonds marins de la planète sont contaminés, en particulier par les composés organiques persistants. Le DDT par exemple est présent dans les glaces de l’antarctique, et plus aucun endroit de la planète n’est désormais vierge ! Mais on le voit, c’est la nature des polluants qui constitue le problème majeur. L’émission permanente dans l’environnement de molécules toxiques et persistantes ne peut que conduire à une accumulation daps les océans. Ainsi emprisonnées, elles ne peuvent s’en échapper et elles contaminent petit à petit, l’eau, les sédiments et les organismes.
Concentration de la pollution dans des zones délimitées
Ainsi les polluants déversés dans la mer ne sont pas immédiatement dispersés et sont entraînés au gré des courants. Ils restent
relativement concentrés dans des masses d’eau et contaminent des zones assez bien délimitées. C’est pourquoi les eaux autour des points où se déversent des eaux polluées sont les plus contaminées. C’est le cas notamment au niveau des embouchures des fleuves où, par ailleurs, les eaux douces pénètrent assez loin dans la mer. Dans le cas des mers fermées ou presque, la circulation des eaux étant réduite, l’évacuation des polluants est limitée, et ils y restent donc relativement confinés. De plus, du fait du phénomène de sédimentation, il se produit une accumulation des polluants dans le sillage des courants, principalement sur les fonds des plateaux continentaux à proximité des côtes. Et cette dispersion limitée a d’autant plus de conséquences qu’elle contamine justement la zone dans laquelle l’activité biologique est la plus importante.
On est donc bien loin d’une pollution négligeable qui se perd dans l’immensité de l’océan.
L’action des courants marins
Cependant, il existe des grands courants marins qui jouent le rôle de véritable tapis roulant et qui parcourent toute la planète. Ils entraînent tous les composés chimiques dissous ou en suspension dans leurs eaux. On assiste donc à des transferts de substances à travers tout le globe sur des milliers de kilomètres. C’est ainsi que des pollutions spécifiques de l’activité des pays industrialisés du nord de la planète se retrouvent dans les sédiments marins de l’antarctique. Il est donc facilement imaginable que la pollution émise par d’autres pays sur d’autres continents nous concerne bel et bien.
Les organismes aquatiques aux premières loges
La pollution des eaux a bien sûr aussi des conséquences importantes sur tous les organismes aquatiques. Dans tous les cours d’eau, comme dans l’écosystème terrestre, on assiste à une accumulation des polluants tout au long de la chaîne alimentaire. Mais s’ajoute à ce phénomène, le fait que les organismes aquatiques sont particulièrement exposés car ils respirent les gaz qui y sont dissous et entretiennent donc avec leur milieu une relation d’échanges chimiques permanents. Les branchies des poissons constituent la zone d’échange et laissent pénétrer dans l’organisme les éléments dissous dans l’eau, dont les polluants. De la même façon que nous sommes exposés avec l’air, les polluants présents dans l’eau passent dans leur organisme sans même avoir besoin d’être avalés.
L faune aquatique fixe donc une grande partie des polluants présent dans l’eau et constitue un bon indicateur des niveaux de pollution d’un cours d’eau.
La chair des poissons est donc assez fréquemment contaminée et leur consommation est une source importante de polluants persistants dont il ne faut pas abuser.
Vidéo: Tout les polluants finissent dans la mer
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur: Tout les polluants finissent dans la mer