Peut-on calmer la mer avec de l'huile ?
Peut-on calmer la mer avec de l’huile ?
Dans une lettre intitulée 0/7on the waters, Benjamin Franklin (1706-1790) expose ses idées et ses expériences autour du problème de l’huile sur l’eau.
Franklin avait lu avec intérêt les comptes rendus de Pline l’Ancien sur une pratique de son temps, qui consistait à calmer les vagues dans une tempête en versant de l’huile dans la mer. Franklin fit une première expérience à Clapham, au sud de Londres. Il versa un peu d’huile, l’équivalent d’une cuillère à thé, sur une grande mare agitée par le vent.
L’huile se répandit rapidement, mais n’eut pas l’effet souhaité. L’huile avait été versée sur le côté de la mare, sous le vent, où les vagues sont plus grandes, et le vent la ramenait vers le rivage. Franklin réitéra son expérience, sur le côté au vent, là où les vagues commençaient à se former. Cette fois-ci le calme s’étendit graduellement jusqu’au côté sous le vent, rendant le quart de la mare aussi lisse qu’un miroir.
Les particules d’huile se repoussent mutuellement. Comme elles n’ont aucune affinité pour l’eau, elles s’étendent et empêchent le contact direct de l’eau avec l’air. Si le vent frotte sur l’eau et peut soulever les vagues, il glisse sur l’huile et produit un effet très atténué. On évite la friction comme lorsqu’on huile les différentes parties d’une machine.
Franklin espérait éviter les naufrages avec une technique permettant d’assurer un débarquement sur une plage dans de bonnes conditions de sécurité. Son idée était qu’en naviguant par des allers et retours à quelque distance d’une plage sous le vent et en versant continuellement de l’huile dans la mer, on pouvait atténuer les vagues avant qu’elles n’atteignent le rivage.
Préparée à Portsmouth, l’expérience échoua. Si les passagers de la chaloupe purent observer une étendue d’eau lisse sur toute la distance où la barque versait l’huile qui s’étendait, aucune différence concrète ne se manifesta quant à la hauteur et à la force de ressac au niveau du rivage. Ce qui était normal car, à cet endroit, ce n’était plus le vent qui faisait se briser la vague.
Reproduite par Rayleigh, l’expérience de Franklin est restée dans les annales comme méthode de détermination du diamètre des molécules d’huile. Connaissant la densité et la masse de liquide répandu, et donc son volume, la mesure de la surface couverte donne l’épaisseur du film. En supposant celui-ci monomoléculaire, on en déduit la grandeur recherchée.
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