Va-t-on manquer d'eau ?
Va-t-on manquer d’eau ?
L’or bleu est en passe de devenir un bien plus précieux que le pétrole. Les besoins en eau ont doublé depuis 1980 et ont été multipliés par sept depuis 1900. La population mondiale, actuellement de six milliards d’habitants, dépassera I huit milliards en 2025. Selon les estimations, la disponibilité en eau par habitant et par an, évaluée à 16 800 m3 en 1950, chuterait d’ici là à 4 800 m3. D’où la nécessité d’adopter un certain nombre de pratiques vertueuses.
Actuellement, l’agriculture absorbe en moyenne 70 % de l’eau douce disponible l’échelle mondiale. Viennent ensuite l’industrie, avec 20 %, puis la consommation domestique, qui tourne autour de 10 %. L’irrigation nécessite des volumes considérables : un hectare de maïs consomme jusqu’à 20 000 m3 d’eau pendant sa période végétative et un hectare de riz quarante mille. Et une très grande partie de cette eau se perd dans le sol ou s’évapore.
L’industrie n’est pas en reste non plus. Il faut plus de 20 m3 d’eau pour produire une tonne d’acier, deux cent cinquante pour fabriquer une tonne de pâte papier et six mille pour produire une tonne d’engrais azotés dans les procédés à circuit ouvert. Pour fabriquer une automobile, pneus compris, il faut compter 150 m3 d’eau.
Même si certains pays ont stabilisé leurs besoins, voire inversé la tendance grâce à une meilleure gestion de l’eau, l’explosion démographique reste u fait. L’expansion de l’irrigation et l’accroissement de l’industrialisation laissent craindre des pénuries graves.
Aux zones déjà touchées, dont l’Afrique du Nord le Sahel, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, s’ajouterait l’est des États-Unis. Améliorer l’efficacité des techniques d’irrigation, rénover et multiplier les structures de captation et production d’eau potable, développer les techniques d’assainissement, préserver les réserves de la planète en luttant contre le gaspillage et la pollution, autant de défis à relever. Pour éviter qu’en 2050 deux milliards d’individus ne luttent chaque jour pour boire et survivre.
Qui consomme l’eau ?
L’Office Mondial de la Santé chiffre le minimum vital à quarante litres par jour et par personne. Deux cent cinquante millions d’habitants n’en disposent pas à l’heure actuelle et la consommation varie considérablement d’un pays à l’autre. Les États-Unis, le Canada, l’Espagne, l’Italie (pour les besoins de l’irrigation) et l’Australie figurent dans le peloton de tête. En France, les prélèvements se montent à 500 litres par jour et par habitant, contre dix à trente litres au maximum pour un occupant du Sahel.
Bien souvent, le bas niveau de développement économique se conjugue avec la rareté de l’eau. Actuellement, dans les pays en voie de développement, plus d’un milliard et demi de personnes, près du quart de la population mondiale, ne disposent pas d’un accès à l’eau potable et deux milliards d’entre elles sont privées d’installations sanitaires.