Baleines à bec
Une répartition incertaine
Des 18 espèces de ziphidés, seule la baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris) est cosmopolite. Toutes les autres ne fréquentent qu’un demi-océan, ou une zone circumpolaire. La distribution des baleines à bec est estimée d’après les échouages et les captures, ces animaux discrets n’étant presque jamais aperçus à la surface des mers. L’espèce la plus rare, la baleine de Longman (Mesoplodon pacificus), est connue seulement par deux crânes, l’un trouvé sur une plage du Queensland, en Australie, l’autre sur une plage de Somalie ! C’est peu pour se faire une idée et de l’animal et de sa répartition…
Leurs proies ne vivant que dans les eaux froides, les baleines à bec sont liées aux eaux polaires ou profondes, les 5 espèces recensées comme tropicales trouvent leur nourriture dans les eaux glacées des grands fonds, dont la température évoque plus Terre-Neuve que les lagons coralliens. Très dispersées dans des océans immenses, discrètes au point d’être invisibles, passant peut-être l’essentiel de leur existence en plongée, les baleines à bec ne s’offrent pas vraiment à l’observation.
Une vie passée à sonder
Nageuses calmes qui se manifestent peu en surface, les baleines à bec plongent verticalement, souvent et longtemps. En surface, si rien ne les presse, elles nagent à petite allure – de 3 à 10 km/h; seuls la baleine de Cuvier et deux hypéroodons (Hyperoodon ampullatus et H. planifions) sont réputés être, à l’occasion, un peu plus rapides : jusqu’à 20 km/h, lorsqu’ils font la course avec un bateau. Inquiétées, les baleines à bec ne fuient généralement pas en surface, mais plongent rapidement.
Le front bombé – ou melon – développé (voire hypertrophié chez les hypéroodons) des baleines à bec laisse supposer qu’elles font grand usage de leur “radar» à ultrasons. La masse huileuse à l’intérieur du melon sert de focalisateur à ultrasons, et peut-être aussi de flotteur, comme chez le cachalot. L’écho des ultrasons qu’émet l’animal lui revient par la mandibule, qui conduit directement les sons à
l’oreille à travers le crâne; leur «sonar» est certainement très performant, car les quelques observations que l’on a pu effectuer montrent qu’elles semblent aussi à l’aise en plein jour que dans l’obscurité la plus profonde.
Baleines solitaires et hypéroodons sauteurs
La plupart des baleines à bec semblent peu sociables, à l’exception de la baleine de Cuvier et des hypéroodons. Chez ces dernières espèces, on a observé des sauts hors de l’eau semblables aux jeux des cétacés, réputés pour leur sociabilité. Apparemment, les vieux mâles sont toujours solitaires. Les autres vivent en groupes spontanés de deux, trois ou quatre individus – deux mères et leurs rejetons, ou des animaux de même âge et de même sexe. Lors des migrations, si la nourriture est abondante, il peut se former spontanément des troupeaux de plusieurs dizaines d’individus.
Chasse de nuit au «sonar»
Se nourrissant essentiellement de calmars. les baleines à bec détectent et poursuivent leurs proies au «sonar». Dans ‘obscurité presque totale des grandes orofondeurs, le faisceau précis de leur appareil à ultrasons leur permet d’attraper leurs proies une à une. Le corps mou des céphalopodes est avalé sans difficulté, tout rond, ou grossièrement écrasé par les gencives. Certains ziphidés ajoutent des poissons hauturiers à leur menu de base, mais les calmars constituent l’essentiel de l’alimentation, si l’on en juge par leur contenu stomacal.
Migration et navigation en haute mer
Probablement toutes migratrices, les baleines à bec suivent les bancs de céphalopodes. Celles qui sont circumpolaires montent vérs les pôles en été et descendent vers les latitudes tempérées en hiver. Les femelles mettent bas loin des eaux les plus froides. Mâles et femelles en migration suivent des trajets partiellement séparés. A part le mésoplodon japonais (Mésoplodon ginkgodens), les baleines à bec évitent les mers épicontinen- tales peu profondes ; on les rencontre le plus souvent au large, au-dessus des grands fonds. Comme elles se tiennent éloignées de presque toutes les côtes, on a rarement observé d’échouages, la putréfaction et les charognards ayant raison des cadavres bien avant qu’ils n’abordent un rivage.
Vidéo : Baleines à bec
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