Bilharzies et trématodes
Les trématodes sont tous parasites, et presque tous hermaphrodites : l’appareil génital d’un trématode adulte présente la même disposition générale que celui que l’on observe dans un anneau de ténia. La bouche s’ouvre au fond de la ventouse la plus antérieure ; le tube digestif, dépourvu d’anus, se termine en cul-de- sac.
Du cerveau de la fourmi à l’estomac du mouton
La spécialisation parasitaire des trématodes est importante. L’hôte intermédiaire est toujours un mollusque, et un parasite donné ne peut évoluer que chez un mollusque déterminé, ou chez des espèces très voisines (voir Gastéropodes d’eau douce). Cela explique la localisation géographique bien limitée de certaines des maladies dont ils sont responsables. Les hôtes définitifs sont des vertébrés, et les trématodes adultes vivent dans divers organes : tube digestif, canaux biliaires, vaisseaux sanguins, bronches où ils se fixent grâce à leurs ventouses.
Le cycle des trématodes est en général très perfectionné : un ou plusieurs hôtes intermédiaires assurent l’isolement des stades larvaires, les larves ayant la propriété de se multiplier par simple division : à partir d’un seul œuf écloront des milliers de formes infestantes. La transmission des larves est facilitée par certains mécanismes adaptatifs : ainsi, dans le cycle de la petite douve du foie, les cercaires viennent-elles s’enkyster à proximité du cerveau du second hôte intermédiaire, une fourmi, dont le comportement se modifie; en effet, les fourmis parasitées viennent se fixer par leurs mandibules à l’extrémité des brins d’herbe, ce qui favorise leur ingestion par le mouton, qui est l’hôte définitif.
On distingue deux grands types de cycles, selon que les œufs quittent activement ou non l’hôte définitif, et que la larve infestant y pénètre en perforant la peau ou, passivement, par ingestion.
Les différentes bilharzioses
Ces maladies doivent leur nom au médecin allemand Theodor Bilharz, qui les a étudiées au siècle dernier. On les appelle aussi schistosomoses, du nom générique des parasites. Skhistosôma signifie, en grec, corps fendu, et fait allusion à la morphologie particulière des adultes. Parmi les trématodes, les schistosomes font exception, puisque leurs sexes sont séparés et que le mâle, plus grand et plus gros que la femelle, abrite celle-ci dans un sillon ventral, le canal gynécophore, un peu à la manière dont la saucisse est contenue dans le hot-dog. De tels couples sont en copulation permanente. De nombreux vertébrés sont atteints par ces parasites, en général très spécifiques, c’est-à-dire qu’une espèce parasite n’infeste qu’une ou quelques espèces d’hôtes bien définies.
Les cycles des schistosomes ont tous les mêmes caractéristiques. Par exemple, la pénétration des larves infestantes – les cercaires à queue bifide – chez l’hôte définitif se fait toujours à travers la peau, à l’occasion d’un bain dans une mare ou une rivière où se trouvent des mollusques parasités ; les œufs des schistosomes sont toujours munis d’un éperon et gagnent le tube digestif par lequel ils sont évacués dans le milieu extérieur en le transperçant. On différencie les diverses bilharzioses humaines par la gravité des symptômes qui résultent de chaque parasitisme particulier, ainsi que par la région du globe terrestre où elles se rencontrent et, donc, par la variété de mollusque qui leur sert d’hôte intermédiaire.
La bilharziose des rizières
La plus grave d’entre elles est la bilharziose artérioveineu- se qui sévit au Japon, en Chine, à Célèbes et aux Philippines. Cette maladie frappe également un grand nombre d’animaux domestiques, qui entretiennent la maladie et rendent plus difficile son contrôle dans les populations humaines. Dans ces régions, le travail dans l’eau des rizières favorise l’extension de la maladie. Sa gravité particulière tient au fait que les œufs des parasites, au cours de leur cheminement vers le tube digestif, occasionnent des lésions délabrantes, non seulement au niveau de la muqueuse intestinale, mais également au niveau du foie, provoquant chez les individus parasités intensivement une cirrhose qui aboutit parfois à la mort. Cette maladie peut être transmise par voie utérine : on a observé l’infection chez des nouveau-nés dont les mères avaient travaillé dans les rizières durant leur grossesse. Les autres bilharzioses humaines sont la bilharziose intestinale et la bilharziose vésicale, provoquée par Schistosoma haematobium, dont les femelles pondent leurs œufs dans les vaisseaux sanguins qui irriguent la vessie et y provoquent des lésions hémorragiques (on observe du sang dans les urines). On estime que plus de cent millions d’individus dans le monde sont atteints par les diverses bilharzioses.
La dermatite des baigneurs
En dehors des maladies provoquées par ses propres parasites, l’homme peut également être atteint d’affections dues aux cercaires d’autres schistosomes, dont les hôtes normaux sont le bétail domestique, ou des oiseaux aux mœurs aquatiques. En effet, il arrive que, à l’occasion d’un bain, ces cercaires pénètrent par erreur sous la peau d’un être humain ; elles ne pourront poursuivre leur développement chez cet hôte qui ne leur convient pas, mais vont entraîner chez lui, plusieurs jours d’affilée, des éruptions cutanées accompagnées de démangeaisons très pénibles (et parfois de fièvre), auxquelles ont donne le nom de « dermatite des nageurs ». Cette affection est provoquée par le passage des larves à travers la peau, mais probablement aussi par une action toxique de celles-ci. Dans certaines régions, ces maladies constituent de véritables fléaux qui touchent non seulement les baigneurs, mais également les travailleurs des rizières.
Vidéo : Bilharzies et trématodes
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