Cerfs, muntjacs
Cerfs, muntjacs
Dans l’ensemble, les cervidés sont des ruminants gracieux bâtis pour la course, à l’exception du renne ou de l’élan : ce dernier atteint les 800 kilos, alors que le petit poudou des Andes pèse seulement 8 kilos. Les cervidés ont encore des doigts latéraux et des dents jugales à couronnes basses : ils sont donc moins spécialisés, moins «modernes », que les bovidés, en ce sens qu’ils fréquentent généralement des sols plus mous et qu’ils consomment des végétaux plus tendres.
Les bois peuvent revêtir l’aspect de simples baguettes, chez certaines espèces, ou devenir une ramure exubérante chez le wapiti de Sibérie et d’Amérique du Nord ; chez un même individu, les bois grandissent chaque année, jusqu’à un âge de plénitude, après lequel ils régressent plus ou moins en se déformant : on dit alors que le cerf «ravale» ses bois.
La première génération des ruminants
Les cervidés furent les premiers ruminants «généralistes», grâce à un estomac complet à quatre poches et à leurs membres à quatre doigts faits pour les terrains mous. Envahissant les forêts, ils ont dominé avant les bovins et les antilopes. Au miocène tardif, ils ont été obligés de partager leurs milieux avec les bovidés. Ces derniers prendront l’avantage en terrain sec (froid ou chaud), alors que les cervidés se confineront plutôt en terrain humide (froid ou chaud) .
Nés en Eurasie, les cerfs y sont encore de nos jours les plus nombreux. Ils ont fait une timide apparition en Afrique, et se sont bien installés en Amérique du Nord. Enfin il y a quelques millions d’années, ils ont envahi l’Amérique du Sud, où ils ont pu se diversifier sans la concurrence des bovidés, arrêtés par le froid sur l’isthme de Béring. Les cervidés tropicaux sud-américains sont d’origine boréale, et leur seul proche parent est le chevreuil d’Eurasie.
Des faons solitaires
En général, les petites espèces solitaires sont forestières; les grandes espèces de milieux plus ouverts sont sociables. Toutefois, le chevreuil, qui peut vivre dans des plaines nues, est moins sociable que le cerf, et l’élan, pourtant forestier, ne l’est guère. Quand il y a formation de hardes, elles sont composées des biches et des jeunes jusqu’à l’âge de trois ans. Les cervidés sont des brouteurs, ou des brouteurs- paisseurs, à qui il faut une nourriture végétale plutôt tendre et nourrissante.
Chez les espèces sociables, les biches s’accouplent avec des mâles dominants, qui s’efforcent de les rassembler en harems au cours du brame, époque pendant laquelle les mâles rugissent, se défient et se combattent à coups de bois. Les nouveau-nés, la plupart du temps uniques, restent cachés, immobiles, de plusieurs jours à plusieurs semaines. On reconnaît l’origine forestière des cervidés à ce comportement et à la robe tachetée des jeunes : chez les bovidés, au contraire, le petit, de robe unie, court derrière sa mère quelques heures après sa naissance.