Chevaux
Molaires et prémolaires montrent des crêtes d email transversales. Ce sont, comme les incisives, des dents à croissance prolongée. L’allongement des membres, adaptés à la course, et les caractéristiques des dents, susceptibles de compenser l’usure due à la mastication des graminées riches en silice, en font, par excellence des animaux de steppes et de savanes.
Le cheval de Prjevalski
Les traces du plus ancien cheval de l’Ancien Monde ont été trouvées en Allemagne, à Mosbach, sur un gisement daté de 700 000 ans. La présence d’autres chevaux sauvages a également été attestée dans des sites préhistoriques datant de la dernière glaciation. Les relations de parenté de ces formes fossiles avec nos chevaux domestiques ne sont pas clairement établies. Quoi qu’il en soit, il est sûr que nos ancêtres du paléolithique et du néolithique chassaient de nombreuses formes de chevaux sauvages des steppes et des forêts d’Eurasie.
Leurs derniers survivants, les chevaux de Prjevalski (E. p. przewalskii), vivent tous aujourd’hui dans des parcs zoologiques, sous la sauvegarde de l’homme, qui tente de conserver l’espèce. Cette forme était sans doute déjà très rare quand elle a été découverte en Mongolie, en 1879, par l’explorateur russe qui leur a donné son nom. C’est un petit cheval ramassé à la tête et à l’encolure relativement fortes. Sa robe est fauve roux, l’extrémité de la queue et des membres noirs, ainsi que la crinière, qui est dressée. Ses relations avec les chevaux du Würm (période glaciaire) ne sont pas claires et il est possible que de très nombreuses représentations de chevaux de l’art paléolithique ne le concernent pas.
Une autre forme de cheval sauvage, le tarpan (E.p. gmelini), se rencontrait encore jusqu’au siècle dernier dans les immenses forêts de feuillus qui couvraient toute l’Europe ; il peuplait aussi l’Asie jusqu’au Tur- kestan russe. Les derniers tarpans ont été massacrés en Ukraine,, au milieu du xix’ siècle. Plus petit que le cheval de Prjevalski, sa robe, gris souris en été, était plus claire ; sa tête était fine et ses membres allongés.
Les chevaux sauvages
Les chevaux domestiques qui ont recouvré leur liberté permettent d’étudier le comportement naturel des chevaux sauvages, bien qu’il soit très difficile de les approcher, leur distance de fuite (l’approche maximale qu’ils tolèrent) étant voisine de 200 mètres.
Un étalon s’efforce de rassembler autour de lui le plus grand nombre possible de juments, quelquefois suivies de leur poulain. Il défend son harem pendant toute l’année, bien que la saison de reproduction soit courte, au début du printemps. La gestation dure onze mois.Les deux parents s’accouplent de nouveau, aussitôt après la naissance du jeune, et la brutalité du mâle peut être fatale au poulain.L’allaitement se poursuit pendant une dizaine de mois jusqu’en février de l’année suivante. On estime qu’un étalon peut saillir vingt- cinq juments.
Au moment de constituer leur harem, les jeunes mâles entrent parfois en concurrence et s’affrontent violemment. Ils se dressent, abattent leurs antérieurs sur l’adversaire, qu’ils mordent avec férocité, et hennissent bruyamment. Ces combats peuvent entraîner la mort de l’un des protagonistes, mais les vieux étalons ne sont pas contestés par les plus jeunes.
Les chevaux s’alimentent de jour comme de nuit. Leur régime est composé en majorité de graminées; ils ne touchent ni aux arbustes ni aux arbres. Les troupeaux, menés par un étalon, peuvent s’approcher les uns des autres sans qu’aucun territoire soit défendu. Seules les juments, qui se déplacent constamment à petits pas pendant les deux tiers de la journée pour rechercher leur nourriture, sont l’objet d’une défense active. La plupart des membres du troupeau ne se couchent jamais et dorment debout.
Les chevaux domestiques
Les plus anciennes traces de domestication du cheval datent de 5500 avant Jésus- Christ, et se situent en Ukraine, sur le site de Dereivka. Il semble que certaines racés domestiques qui occupent les frontières asiatiques de la Russie sont issues du cheval de Prjevalski : kirghizes, kalmouks, ba- chirs, cheval de l’Altaï et cheval du désert de Gobi sont de petits chevaux de selle, robustes et endurants. D’autres races ont pu avoir pour ancêtres des formes, datant du pléistocène, du cheval de Prjevalski, en particulier les races les plus nordiques telles que le poney de Norvège ou le poney des îles Shetland. En revanche, le cheval arabe pourrait être un descendant des tarpans d’Asie Mineure. Introduit en Europe, il fut croisé avec des sous-espèces locales, auxquelles il apporta sa finesse, son endurance et sa rapidité (un cheval de course peut en effet dépasser 60 km/h sur une courte distance).
Un ancêtre de la taille d’un fox-terrier
Hyracotherium, le plus ancien de tous les équidés connus, ne dépassait pas la taille d’un petit chien. Apparu il y a 55 millions d’années environ, il vivait, pendant l’éocène, en Eurasie et en Amérique du Nord. Ses membres, munis de sabots, avaient quatre doigts à l’avant et trois à l’arrière ; ses dents, visiblement adaptées à broyer de jeunes pousses et non des herbes dures, témoignent d’un mode de vie forestier.
A l’oligocène, la régression des forêts contraignit ses descendants à gagner les milieux ouverts, où la végétation est dure et où il est difficile de se dissimuler. Sous l’effet de la sélection naturelle, les animaux aux membres longs profitèrent de ces nouvelles contraintes : leur appui se dégagea du sol par régression progressive des doigts latéraux, puis le sabot médian devint le seul point d’appui du membre, en même temps que leurs dents se transformaient et devenaient aptes à couper et à mastiquer des herbes dures.