Classification et nomenclature
Les botanistes français Bernard et Antoine Laurent de Jussieu ont été les premiers à établir le principe d’utilisation des caractères pour fonder une classification hiérarchique dans laquelle les groupes sont emboîtés, et non plus comme auparavant énumérés à la suite les uns des autres : un ordre inclut des familles qui -incluent des genres qui incluent des espèces, chacun des groupes ainsi formé étant défini par des caractères constants dans le groupe, mais variables entre groupes d’un même niveau (principe de subordination des caractères).
Linné et le système binominal
C’est au botaniste suédois Carl von Linné que nous devons les bases du système de nomenclature dit linnéen ou binominal, dans lequel les espèces sont désignées en fait par deux noms, l’un qui est propre à chaque espèce et l’autre qui est commun à toutes les espèces du même genre : ainsi !e genre Hélix inclut les espèces Hélix as- persa. Hélixpomatia, Hélix lucorum, etc.
Enfin, c’est le botaniste A.P. de Candolle qui. en 1813, a nommé taxonomie (ou taxinomie) la théorie des classifications naturelles; ce mot est souvent employé comme synonyme de systématique, qui désigne l’étude scientifique des relations entre êtres vivants et donc notamment l’élaboration des classifications.
Taxons, catégories et nomenclature
On désigne par taxon tout groupe d’êtres vivants, et la tâche du systématicien est avant tout de constituer des taxons naturels. Une fois constitués, ces taxons doivent être situés dans une classification et assignés à une catégorie, puis nommés. Dans l’ordre ascendant de la hiérarchie, les catégories de la classification zoologique sont : l’espèce, le genre, la tribu, la famille, l’ordre, la classe et le phylum ou embranchement. Pour éviter l’arbitraire et éliminer les possibilités de confusion, les règles de formation et d’utilisation des noms des taxons sont fixées par un Code international de nomenclature zoologique, dont la troisième édition a été publiée en 1985. Le Code précise que toute description d’espèce nouvelle pour la science doit inclure la désignation d’un spécimen-type, grâce auquel les zoologistes pourront vérifier l’identité du taxon nommé ; et il fournit les règles à suivre en cas d’homonymie (lorsque deux taxons ont reçu le même nom) ou de synonymie (lorsqu’un même taxon a été nommé deux fois).
Ordre naturel et classification
Les deux questions fondamentales de la systématique sont d’expliquer l’ordre apparent de la nature (certaines espèces se ressemblent plus entre elles qu’elles ne ressemblent aux autres) et de définir quels critères permettent de reconnaître qu’une classification est supérieure aux autres. Le génie de Darwin est d’avoir proposé une solution toujours valide : l’ordre apparent des taxons s’explique par la descendance avec modifications, par l’évolution qui fait que deux espèces sont d’autant plus semblables qu’elles sont proches de leur ancêtre commun ; la classification valide est celle qui traduit ces relations de parenté, cette phylogénie, parce que celle-ci est un processus historique, enchaînement d’événements uniques et indépendants de l’observateur. Au cours des vingt dernières années, la reconstruction des phylogénies a été totalement renouvelée à la suite des travaux de l’Allemand Willi Hennig, à l’origine d’un ensemble de méthodes dites cladistiques fondées sur l’analyse de la répartition des caractères dérivés (apomor- phies) dans un ensemble de taxons.