Espèce animale
Imprégnés de philosophie platonicienne, Linné et les biologistes des XVIII et XIXe siècles considéraient que la richesse et la diversité du monde animal ne sont que l’expression d’un nombre limité d’archétypes (ou universaux}, correspondant à Yeidos («forme, essence») de Platon.
Espèce typologique et espèce nominaliste
Cette conception typologique de l’espèce a été peu à peu abandonnée lorsque l’on a découvert que des animaux apparemment très différents peuvent appartenir à la même espèce et que, inversement, des animaux à première vue identiques peuvent appartenir à des espèces distinctes sur le plan biologique.
Adopté au XVIII siècle par Buffon dans ses premiers écrits et plus tard par La- marck, le nominalisme, introduit par le franciscain anglais Guillaume d’Occam (vers 1350), s’oppose résolument à la conception typologique en affirmant que !es groupes, les universaux, ne sont que de vaines abstractions qui ne rendent nullement compte de la réalité concrète, des individus. En zoologie, les nominalistes considèrent que seuls les individus existent réellement, les espèces n’étant qu’une vue de l’esprit, et les catégories un simple outil de classification systématique.
L’espèce biologique
Aujourd’hui, la plupart des zoologistes ont adopté le concept d’espèce «biologique», définie par l’Américain E. Mayr comme un ensemble de populations naturelles capables d’intercroisement, isolées de groupes semblables dans les conditions naturelles. Le critère d’interfécondité n’est cependant pas absolu : on connaît, notamment chez les gastéropodes, des situations complexes où des populations appartenant à deux ensembles continus sont localement interfécondes et incapables de se croiser en d’autres endroits.
Par ailleurs, cette définition n’est pas applicable aux fossiles : comment savoir si deux animaux ayant vécu à des époques différentes auraient pu avoir des descendants fertiles? De plus, il est presque impossible de fixer les limites biologiques d’une espèce qui évolue dans le temps. En pratique, les limites retenues correspondent le plus souvent à des lacunes de conservation des fossiles.
L’espèce est d’abord une communauté de reproduction, les individus d’une même espèce se reconnaissant entre eux et cherchant des partenaires de leur espèce pour se reproduire. Cette communauté est aussi écologique – définie par ses relations avec son environnement – et génétique, les gènes d’une espèce se mélangeant entre eux au fil des générations, mais non avec ceux d’autres espèces.
L’application de cette définition n’est pas toujours facile : il est impossible de vérifier par l’expérience quelles populations du 1,5 million d’espèces vivantes reconnues peuvent se reproduire entre elles. Dans les nombreuses espèces zoologiques où la reproduction est sexuée, c’est souvent la morphologie de l’appareil génital qui permet de distinguer les espèces proches. Chez de nombreux oiseaux, batraciens ou insectes stridulants, c’est le chant qui permet aux partenaires – et aux zoologistes – de reconnaître l’appartenance spécifique: Espèce animale