Moules d'eau douce
La coquille des unionidés est en général ovale, courte à allongée, équivalve (à valves identiques), mais il existe de nombreuses variantes. Les formes des coquilles de certaines familles de bivalves marins se retrouvent, comme par une sorte de convergence, dans plusieurs familles d unionoïdes : on observe en effet, chez ces dernières, des coquilles triangulaires (comme chez les vénéridés), ou extrêmement allongées (comme chez les couteaux, ou solénoïdes), ou irrégulières (comme chez les huîtres).
Dans la famille des mutélidés, certaines espèces présentent une multitude de petites dents sur la charnière, qui rappellent celles des arcoïdes marins. L’épaisseur des valves varie de un ou quelques millimètres (y compris chez des espèces relativement grandes) à plus de 15 millimètres. La surface. lisse avec quelques stries de croissance, peut aussi porter des sculptures très différentes, qu’il s’agisse de pustules irrégulières ou de côtes et plis rangés en V.
La conquête de l’Ouest
Les unionidés, représentés en Europe par un nombre relativement réduit d’espèces, ont subi une radiation étonnante en Amérique du Nord, avec une diversité considérable de formes. Le nombre d’espèces y est estimé à 280 et beaucoup d’entre elles ont une distribution très restreinte. Il n’est pas rare qu’une espèce se limite à un seul lac, fleuve ou ruisseau. A cause de la détériora¬tion rapide et dramatique des conditions écologiques, de très nombreuses espèces ont aujourd’hui disparu et ne sont plus représentées que par quelques coquilles dans les collections des musées (on peut en voir à Paris, au Muséum national d’histoire naturelle). Beaucoup d’autres espèces sont très menacées et, bien qu’elles soient maintenant protégées, on se demande si cette mesure n’est pas venue trop tard.
Des poissons comme nourrices
Les unionidés ont un curieux mode de reproduction : après la fécondation, les larves (glochidies) se développent dans un marsupium branchial entre les branchies de l’animal mère ; au bout d’un certain temps, elles sont éjectées avec l’eau de respiration par le siphon exhalant et descendent au fond. Incapables de nager activement, elles sont déplacées par les mouvements de l’eau et doivent attendre un contact avec un poisson. Elles se fixent sur la peau, les nageoires ou dans les branchies de celui-ci avec un crochet, propre à la coquille larvaire, et un fil collant.
Enkystée dans le tissu du poisson, la larve se développe jusqu’au jeune unionidé en se nourrissant du tissu de l’hôte. Le bivalve traverse alors la peau du poisson et commence sa vie benthique. La durée de la phase glochidie varie de six à huit semaines en été, jusqu’à plusieurs mois en hiver; la phase parasitaire, qui peut durer de six jours à plus de cent quatre-vingt-dix jours, ne dépasse pas en règle générale dix à vingt jours. Les larves de la famille des mutélidés, les lasidies, sont différentes, mais elles parasitent également des poissons au cours de leur développement.
Cet étonnant mode de développement larvaire – une adaptation à la vie en eau douce – garantit une dispersion optimale de l’espèce. Pourtant, il a aujourd’hui une influence néfaste sur la survie de nombreuses espèces : chaque espèce de moule d’eau douce dépendant de «son» espèce de poisson hôte, la disparition de celui-ci entraîne infailliblement celle de la moule (voir Parasitisme).
Vidéo : Moules d’eau douce
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Moules d’eau douce