Nécrophores
A quelques exceptions près, tous les silphidés sont nécrophages, carnivores ou saprophages. Les grands nécrophores ont une prédilection pour les charognes de diverses dimensions, certains, comme les Necrodes, préférant nettement les grands cadavres. Quelques silphes, en revanche, ajoutent à leur menu végétaux et chair fraîche : le silphe noir (Phosphuga atrata) s’attaque aux escargots, qu’il repère à l’odorat; il suit les traces de bave jusqu’aux gastéropodes puis leur inflige une morsure mortelle, avant de leur injecter une substance qui décompose leurs chairs. La larve d’un autre silphe, Blitophaga opaca, mange les racines de betterave, tandis que l’adulte s’attaque à leur feuillage. Le silphe à corselet rouge (Oiceoptoma thoracicum) se nourrit d’un champignon des bois, le phalle impudique (Phallus impudicus), qu’il détecte à l’odeur fétide de son carpophore.
Cadavres exquis
En présence d’une charogne, silphes et nécrophores s’activent pour se reproduire et pour pondre ; ainsi, lorsque plusieurs silphes à corselet rouge découvrent un cadavre, mâles et femelles s’affrontent chacun de leur côté, jusqu’à ce qu’il reste un seul couple. Les nécrophores (Necrophorns), en revanche, peuvent associer leurs efforts et, sans coordination apparente, transporter puis enterrer les cadavres en décomposition. Sous terre, chaque femelle découpe un morceau de chair, le pétrit en boule et l’enferme dans une logette. Elle pond ses œufs dans une galerie menant à cette crypte. Les petites larves consomment la chair putréfiée, mais sont également alimentées, couchées sur le dos, par leur mère, qui régurgite de la chair en partie digérée.
Les histéridés : des amateurs de déchets
Les histéridés (ou escarbots) sont de petits coléoptères au corps convexe et très sclérifié, dont la tête rentre dans le pro- notum, les antennes coudées se terminant en massue. Carnivores à l’état larvaire et adulte, de nombreux histéridés recherchent, comme les silphes et les nécrophores, les cadavres et autres matières putrides. Un grand nombre d’histéridés sont des prédateurs spécialisés. Certains chassent les larves de divers insectes xylophages. On connaît des espèces qui se développent sur les déchets de la laisse marine, tandis que d’autres fréquentent les cordons dunaires des régions désertiques ou subdé-sertiques. Enfin, quelques groupes d’histéridés vivent dans les nids de fourmis ou dans les termitières, où ils sont plus ou moins tolérés par leurs hôtes. Des formes trogfobies consomment le guano (des chauves-souris ou, éventuellement, des oiseaux) et certaines espèces se nourrissent de champignons.
Les psélaphidés : cavernicoles et endogés
Quelque 3 000 espèces de psélaphidés sont réparties dans le monde. Ces petits coléoptères, aux antennes en massue et aux élytres découvrant une partie de l’abdomen, présentent un dimorphisme sexuel prononcé qui porte notamment sur la structure des pattes et des antennes, ainsi que sur l’ornementation de la tête. Sans que l’on en connaisse exactement les raisons, les mâles de certaines espèces ont deux formes distinctes, dont l’une a des pattes particulièrement développées.
La plupart des psélaphidés vivent dans les mousses et les matières en décomposition comme le fumier, mais’ de nombreuses espèces tropicales sont arboricoles. Des genres entiers de psélaphidés sont myrmécophiles, ou même termitophiles. Par ailleurs, un bon nombre d’espèces sont cavernicoles ou endogées (vivant dans le sol) : elles sont souvent dépigmentées et dotées d’yeux minuscules. Chez les Glypbobythus, les femelles sont strictement confinées à l’intérieur des grottes, tandis que les mâles circulent à l’extérieur.