Pieuvre
La pieuvre commune du littoral européen, Octopus vulgaris, se cache la plupart du temps dans un abri, et chasse à la tombée de la nuit ou au lever du jour. Ses proies sont principalement des crustacés, mais aussi d’autres mollusques, parfois même d’autres céphalopodes, plus rarement des poissons. Les proies sont enfermées par la membrane qui joint la base des huit bras munis de ventouses, mordues par le bec, semblable à celui d’un perroquet, puis paralysées et en partie prédigérées par les sécrétions des glandes salivaires avant d’être ingérées. Les débris sont rejetés à proximité du refuge, que leur accumulation signale. La morsure de la plupart des céphalopodes n’est en général pas dangereuse pour l’homme; seules deux espèces de pieuvres,Hapalocblaena maculosa et H, lunulata, indo-pacifiques, ont un venin souvent mortel.
Les parents cèdent la place…
Les œufs d Octopus sont accroches par la femelle au plafond de son abri, où elle les nettoie et les ventile jusqu’à l’éclosion, un à trois mois plus tard. Elle s’éteint le plus souvent aussitôt après. Il semble que la mort des adultes après la reproduction soit très fréquente chez tous les céphalopodes, mâles et femelles. Le développement de cette classe de mollusques est direct : les jeunes – privés de soins maternels – grandissent sans métamorphose. La pieuvre est adulte en un an environ; l’âge de la maturité est plus tardif, parfois deux ou trois ans, chez d’autres céphalopodes.
Un réacteur à eau
La natation par réaction, pour fuir ou se déplacer rapidement, s’effectue par expulsion violente de l’eau de la cavité palléale à travers l’entonnoir situé sous la tête, qui peut être orienté à volonté : la pieuvre peut ainsi nager rapidement en arrière, plus lentement dans autres directions, et freiner en écartant les bras.
Alors que les calmars sont des nageurs actifs de pleine eau et de pleine mer, les seiches des animaux côtiers nageant près du fond, la plupart des pieuvres sont des animaux benthiques qui ne nagent qu’occasionnellement ; quelques formes, comme les argonautes, dont la femelle sécrète une nacelle calcaire ressemblant à une coquille de nautile, vivent en pleine eau. Comme l’indique leur nom d’octopodes, les pieuvres ont les huit bras, qui leur servent à ramper sur le fond ou à saisir leurs proies : les seiches et les calmars disposent de deux tentacules supplémentaires, plus longs, d’où leur nom de décapodes, et les nautiles en ont environ 90.
De la reptation à la natation
A première vue très différents des escargots, pieuvres, seiches, calmars et nautiles sont pourtant issus de mollusques ressemblant aux monoplacophores actuels, dont l’ancêtre s’est différencié à la fin du cambrien.
Chez ces mollusques anciens, dont la coquille conique et droite était intérieurement divisée par des cloisons transversales, les tentacules céphaliques se sont allongés et multipliés ; des mâchoires cornées formant un bec de perroquet, dont l’action est envenimée par la sécrétion des glandes salivaires, se sont développées ; un tube appelé siphon a établi une connexion entre les chambres de la coquille, que les animaux ont pu remplir à volonté de gaz ou de liquide; le pied s’est trouvé réduit â deux lobes formant un entonnoir de part et d’autre de l’orifice de la cavité palléale, juste en dessous de la tête. Sont ainsi apparus des animaux nageurs – Plectonoceras, du cambrien supérieur de Chine, en est la forme la plus ancienne , constitués par une coquille conique allongée d’où sortait, vers l’avant, la tête portant les tentacules et l’entonnoir propulseur.
Les étapes du succès
Ces premiers céphalopodes pouvaient modifier leur flottabilité en ajustant le volume de gaz dans les chambres de leur coquille, se déplacer rapidement dans toutes les directions en expulsant brutalement l’eau de leur cavité palléale par l’entonnoir, et capturer leurs proies à l’aide de leurs tentacules : bien avant les poissons, les cé-phalopodes ont ainsi dominé la pleine eau. Les nautiloïdes, apparus à l’ordovi- cien et fréquents jusqu’à la fin du mésozoïque, sont maintenant limités à cinq espèces, du genre Nautilus, dans le Pacique Ouest.
Les ammonoïdes (ammonites au sens large), apparus au dévonien, sont devenus. si abondants au mésozoïque, dont leur extinction marque la fin, qu’on les utilise pour déterminer l’âge des terrains qui contiennent leurs fossiles.
Enfin, les coléoïdes, auxquels appartiennent tous les céphalopodes actuels à l’exception des nautiles, sont apparus à la fin du dévonien. Ils sont caractérisés par des tentacules à ventouses et par la régression de leur coquille : interne mais encore cloisonnée chez les bélemnites fossiles (du trias au crétacé) ou chez les spirules pélagiques actuelles, elle est réduite à un «os» chez les sépioïdes ou seiches, à une «plume» chez les teu- thoïdes ou calmars, et totalement absente chez les pieuvres.
Une vision élaborée
Bien qu’on compare souvent les yeux des céphalopodes coléoïdes et ceux des vertébrés, leur origine et leur organisation sont très différentes. Comme chez les vertébrés, les yeux des céphalopodes peuvent pivoter dans leur orbite et sont pourvus d’un cristallin permettant la mise au point de l’image perçue par la rétine. En revanche, ils sont formés par des invaginations de la surface de la tête, et non par des expansions du cerveau, et leur rétine n’est pas irriguée par des vaisseaux sanguins comme la nôtre.
L’accommodation est obtenue par déplacement du cristallin, et non par modification de son rayon de courbure. Enfin, la fente de la pupille reste toujours horizontale, son orientation étant guidée par le sens de l’équilibre : pour des animaux qui nagent en pleine eau, la gravité constitue le seul repère spatial, et les messages visuels reçus par le cerveau sont interprétés en fonction de cette orientation de la pupille. L’œil du nautile, beaucoup moins performant, est dépourvu de cristallin.
Vidéo : Pieuvre
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