Podocnémides
Le sous-ordre des pleurodires (du grec pleuron : côté, et derê : cou) comprend environ 55 espèces, toutes d’eau douce, soit guère plus du cinquième des espèces de tortues actuelles. La flexion latérale du cou – indifféremment à gauche ou à droite n’est pas leur seule singularité : elles se distinguent également par une expansion latérale de chaque côté du crâne, et leur bassin soudé au plastron. Leurs vestiges fossilisés, remontant au trias, figurent parmi les plus anciennes tortues connues. L’étude des formes actuelles montre qu’elles occupent des niches écologiques laissées vacantes par des représentants plus évolués : chélidés et pélo- médusidés se trouvent où manquent les émydidés, les podocnémididés subsistent où les trionychidés sont absents.
Des tortues à cou de serpent
Les chélidés, représentés par quelque 30 espèces, ne se rencontrent qu’en Amérique du Sud, en Australie et en Nouvel- le-Guinée. Cette curieuse distribution, qui est aussi celle de leurs fossiles, laisse supposer qu’ils ont jadis transité par le continent antarctique, moins hostile qu’aujourd’hui.
Lorsqu’ils replient leur cou, les chélidés maintiennent leur tête dans le prolongement de celui-ci : en fin de rétraction, la tête elle-même occupe une position latérale. Le cou, très allongé chez certaines espèces, peut être aussi long que la carapace. Toutes habitent les marais, les lacs ou les rivières.
Les chélidés sont presque exclusivement carnivores, leur cou leur permettant, par une brusque détente, de saisir une proie relativement rapide (poisson ou batracien). La carapace de la plus petite espèce ne dépasse pas 13 centimètres de long. Ce chélidé est aussi l’une des tortues les plus rares du monde : il ne fréquente que quelques étangs proches de Perth, en Aüstralie-Occidentale, et on n’en connaît qu’une trentaine de spécimens.
Les deux plus grandes espèces, la chélodine élargie d’Australie orientale et la matamata d’Amérique méridionale, ont une carapace qui dépasse exceptionnellement 45 centimètres de long et atteignent une masse d’une dizaine de kilos.
Podocnémides et péluses
La famille des podocnémididés regroupe des tortues fluviatiles ou lacustres, souvent de grande taille : la carapace de la podoçnémide élargie, de l’Amazone et de l’Orénoque, peut atteindre 80 centimètres de long; une forme fossile apparentée dépassait même 2 mètres. La plupart des espèces sont omnivores ou exclusivement végétariennes. Au moment de la reproduction, plusieurs d’entre elles ont un comportement qui rappelle celui de certaines tortues marines : les femelles émergent soudain en nombre pour aller pondre une quantité importante d’œufs dans le sable d’une plage. Sept espèces de podocnémides habitent l’Amérique du Sud équatoriale, une huitième est propre à Madagascar; la présence de fossiles très proches en Afrique, et en Europe prouve que l’aire de répartition s’est considérablement réduite et que l’espèce malgache est relictuelle.
L’Afrique subsaharienne, avec Madagascar, les Seychelles et une infime partie de la péninsule Arabique, est le domaine exclusif des pélomédusidés, répartis en deux genres : les péluses (Pelusios) et la péloméduse (Pe- lomedusa), monotypi¬que mais très répandue. Ces tortues, qui mesurent de 15 à 40 centimètres de long, se reconnaissent facilement aux cinq griffes de leurs pieds, toutes les autres tortues en possédant au plus quatre. Les péluses ne s’éloignent guère du milieu aquatique qu’elles fréquentent, étangs ou marais pour les plus petites espèces, rivières au cours tranquille et lacs pour les plus grandes.