Pogonophores
Les pogonophores, petits vers fins comme des cheveux, vivent sur les marges continentales et jusqu’aux plus grandes profondeurs des fosses sous-marines, dans des tubes membraneux annelés.
Le corps est composé de quatre parties : un lobe céphalique portant une couronne de tentacules, un mésosome court ressemblant à un manchon, et un tronc très allongé avec, dans sa partie antérieure, une gouttière ventrale et des anneaux garnis de soies courtes et raides. Ces soies ont donné le nom au phylum (du grec pôgôn : barbe, et pberein : porter). De 1914 – date de la description de la première espèce – à 1964, on croyait que le corps s’arrêtait là, avant de découvrir un quatrième segment, l’opisthosome. Les différentes parties sont séparées par des sillons.
Un système clos
Ce qui frappe le plus chez un pogonophore, c’est l’absence complète de tube digestif, qui a laissé perplexes les premiers descripteurs.Comment un tel animal pouvait-il se nourrir?
De nombreuses hypothèses ont été émises. Les tentacules, qui normalement sortent du tube, possèdent deux rangées de cellules géantes formant de longues papilles : les pinnules.
On a montré que ces cellules peuvent extraire les substances organiques dissoutes dans l’eau de mer. On a supposé qu’elles étaient aussi capables de capturer de petits amas de nourriture et de les inclure dans des vacuoles, comme les éponges.
Après la découverte des vestimenti-fères des sources hydrothermales, on s’est aperçu que la partie postérieure du corps contient des bactéries sulforéductrices qui participent à la nutrition. L’étude du système sanguin réservait une autre, surprise. Le système est entièrement clos, limité par une couche de cellules. Or, dans chaque pinnule des tentacules, qui constitue une cellule unique, on trouve deux vaisseaux intracellulaires, une artère et une veine. Le sang des pogonophores et des vestimenti¬fères est très riche en hémoglobine, probablement une adaptation à la faible teneur en oxygène des milieux où vivent ces animaux. Les cellules sanguines sont nombreuses; certaines sont chargées d’excréter les déchets du métabolisme des bactéries symbiotes, en particulier les métaux.
Les sexes sont séparés ; le sperme serait déposé par les mâles à l’entrée du tube des femelles. On connaît mal l’em-bryologie de ces animaux, sinon par l’étude de larves parfois présentes clans le tube des femelles.