Poisson-éléphant
Les ostéoglossidés sont parmi les plus gros poissons d’eau douce, notamment le pirarucu (Arapaima gigas) et l’arawana (Osteoglossum bicirrhosum) du Brésil. On attribue au pirarucu des tailles de 5 mètres, mais il est probable qu’il n’atteint que 3 mètres de long pour plus de 100 kilos. C’est un carnivore qui se nourrit d’autres poissons, de grenouilles ou d’oiseaux aquatiques qu’il écrase entre ses plaques dentaires si puissantes que les indigènes les utilisent comme râpes. Sa vessie natatoire très vascularisée lui permet de respirer en surface l’air qu’il déglutit avec un bruit caractéristique. Le comportement reproducteur des ostéoglossidés est très élaboré : les pirarucus pondent en eaux peu profondes sur fonds sableux un petit nombre d’œufs gardés par le mâle jusqu’à l’éclosion, alors que les Heterotis africains construisent un nid d’herbes ; les saratogas australiens (genre Scleropages’) pratiquent l’incubation buccale, et les jeunes alevins se réfugient dans la gueule des parents à la moindre alerte. Ces géants des eaux douces à la chair excellente donnent lieu à une pêche très active.
Primitifs mais spécialisés
Les mormyres sont des poissons d’Afrique tropicale et du bassin du Nil. On en connaît près de 200 espèces, dont la taille varie de 10 centimètres à plus d’un mètre. Leur tête, petite et sans écailles, se prolonge parfois en un long museau en trompe, d’où le nom évocateur de poisson-éléphant de certaines espèces. Ils ne manquent pas d’autres particularités anatomiques : une peau épaisse et visqueuse, des yeux plus ou moins atrophiés, une bouche minuscule accompagnée parfois d’un appendice mentonnier tactile qui permet de suppléer la vue dans la détection des proies ; une vessie natatoire dont des diverticules se prolongent dans la tête jusqu’à l’oreille interne ; et, en relation avec les fibres sensorielles des organes électro-récepteurs, un cervelet très développé qui recouvre tout le reste de l’encéphale. Poissons nocturnes, ils se nourrissent d’insectes, de vers et de petits crustacés.
Le gymnarque du Nil (Gymnarcbus niloticus) a un corps effilé avec une longue nageoire dorsale dont les on-dulations lui permettent de nager aussi bien vers l’avant que vers l’arrière. Au moment des amours, il fabrique un nid flottant de végétaux dans lequel la femelle pond un millier d’œufs gardés par les parents. Les jeunes qui en éclosent ont de longues branchies externes filamenteuses et un sac vitellin si volumineux qu’ils sont incapables du moindre déplacement. Dans l’Antiquité, les môrmyres du Nil ont fait l’objet d’un véritable culte; on les a momifiés, dessinés, sculptés et peints sur monuments et tombeaux.