Raton laveur
Les procyonidés, aujourd’hui strictement américains, ont leur origine dans l’Ancien Monde, où des formes archaïques ont été identifiées sur des gisements datant de 30 millions d’années. L’espèce ancestrale des procyonidés actuels d’Amérique serait proche d’un genre connu en Europe il y a une vingtaine de millions d’années. Après s’être diversifiés en Amérique du Nord, les procyonidés ont pénétré en Amérique du Sud, il y a 3 millions d’années environ, avec toute une cohorte d’autres mammifères, quand l’isthme de Panama se trouva découvert par la mer.
Ratons laveurs d’Amérique du Nord
Propres à l’Amérique du Nord, les ratons laveurs (Procyon lotor) habitent depuis le sud-est du Canada jusqu’à l’isthme de Panama. Ils circulent au sol, tête basse, clos voûté, queue pendante, et sont relativement petits (longueur, du museau à la pointe de la queue : de 75 cm à 1 m; queue courte : de 25 à 40 cm; hauteur : 30 cm). Leurs membres fins ont cinq doigts munis de griffes. Leurs mains, aux doigts très écartés, ont une grande dextérité.
Semi-plantigrades, ils pratiquent notamment le trot (ils peuvent atteindre une vitesse de 25 km/h). Leur tête, au front large, porte un museau court; un masque clair, caractéristique, entoure le museau et se prolonge au-dessus des yeux. Les oreilles arrondies sont ourlées de blanc. Le pelage épais de leur robe est parsemé de jarres, bruns à la racine, jaunes au milieu, noirs à la pointe. Sobre dans son ensemble, cette robe les dissimule dans leur environnement forestier.
Bien qu’ils vivent au sol, ils sont très à l’aise dans les arbres, et sont en outre d’excellents nageurs. Ces possibilités leur ouvrent tous les milieux pour satisfaire leurs besoins en nourriture. Le sol, qu’ils fouillent activement avec leurs mains, leur procure insectes, vers, larves, escargots, petits reptiles, batraciens, jeunes mammifères pris au nid. Dans les mares, les rivières et les mangroves, ils saisissent à fleur d’eau, avec une grande habileté, crustacés, mollusques et poissons. Les arbres leur fournissent fruits, feuillages et écorces. Ne craignant pas de s’approcher des établissements humains, ils apprécient aussi le maïs, les melons, les patates et les racines de canne à sucre
Une réputation surfaite
On prête aux ratons laveurs l’habitude de laver leurs aliments. En fait, ils n’ont aucun souci de cette sorte dans les conditions naturelles. Ce comportement n’est qu’une activité de substitution, liée à la captivité. En trempant leur nourriture dans l’eau, ainsi d’ailleurs que d’autres objets, ils se libèrent de la pulsion instinctive qui, dans la nature, les pousse à chasser des proies aquatiques.
Un véritable acrobate, le kinkajou
Le kinkajou (Potosflavus) au pelage épais, brun nuancé de jaune ou de rouge sur le dos avec une rayure médiane plus sombre, plus clair sur le ventre, présente plutôt l’aspect d’un primate que celui d’un carnivore. A l’image des petits singes capucins dont il partage l’habitat, sa queue préhensile, presque aussi longue que son corps, lui permet de se suspendre tête en bas en toute sécurité et de se mouvoir avec l’agilité d’un acrobate dans la pénombre des hautes futaies des forêts du Mexique et du Brésil, où il vit. Strictement nocturne, il se nourrit d’avocats, de mangues et de figues, mais il ne dédaigne pas les insectes ni le miel, qu’il se procure en détruisant les nids des abeilles sauvages.
C’est à la fin du XVIIIe siècle que le kinkajou fut présenté aux publics parisien et londonien par une ménagerie. Les zoologistes restèrent un temps perplexes sur les affinités zoologiques de cet inconnu venu des Amériques. Les uns y voyaient un lémurien proche du maki de Madagascar, les autres une sorte de martre. C’est finalement le naturaliste Alexandre de Humboldt qui, au siècle suivant, donna les premiers renseignements précis sur la vie du kinkajou. Personne ne doute plus aujourd’hui que le kinkajou soit un procyonidé ; divers caractères anatomiques, en particulier les dents, le montrent. Mais pourquoi est-il si différent des autres espèces de la famille? Au cours du miocène, il y a une quinzaine de millions d’années, alors que l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud étaient séparées, quelques individus d’une espèce nord-américaine franchirent un chapelet d’îles provisoirement émergées et débarquèrent en Amérique du Sud. L’isolement de ces quelques individus, par suite d’un phénomène génétique bien connu, favorisa l’apparition de caractères nouveaux, et notamment des spécialisations favorables à la vie dans les arbres; c’est ainsi que la lignée du kinkajou s’installa dans la canopée.