Rotifères
Les rotifères, étymologiquement «porte- roues», ont été découverts par un savant qui observait le contenu d’une goutte d’eau stagnante. Au milieu des ciliés, il vit passer, suivant un circuit en spirale, des animaux microscopiques qui tournoyaient sur eux-mêmes. La reconnaissance de la complexité de ces organismes a pris du temps ; ils ont enfin trouvé leur véritable place dans la classification, dans un phylum propre, au voisinage des nématodes et d’autres petits groupes.
Le corps des rotifères est divisé en trois parties : une tête, un tronc et un pied. La tête porte un organe cilié complexe formé de deux couronnes, entre lesquelles s’ouvre la bouche. La couronne antérieure est souvent divisée en deux cercles. Chez un rotifère actif, les cils battent en sens contraire sur chaque cercle, comme deux roues tournant à toute vitesse. Ces filaments assurent la locomotion et servent à la capture des petites proies. Le tronc, un peu élargi, se prolonge par le pied qui, selon les espèces, se fixe définitivement ou momentanément.
Une segmentation plus apparente que réelle
Comme chez les arthropodes, le corps semble composé de segments successifs, qu’on ne retrouve cependant pas dans la morphologie interne. Il est entouré d’une cuticule solide, sécrétée par l’épiderme, dotée d’épines et de petites plaques, qui joue le rôle d’un squelette externe. Comme chez les arthropodes, la musculature est organisée selon les anneaux de cuticule. Les mouvements du corps sont commandés à la fois par la musculature et par la pression du liquide interne, qui peut faire saillir la tête ou le pied.
Une mâchoire adaptée à l’alimentation
Les rotifères possèdent une impressionnante mâchoire, ou mastax, située à la limite de la tête et du tronc. Elle est constituée de lames chitineuses qui. déchiquettent et broient les aliments. Le tout est enfermé dans une masse musculaire. La forme du mastax varie en fonction du comportement alimentaire des espèces. Les couronnes ciliaires sont aussi adaptées au mode d’alimentation. Les rotifères qui se nourrissent d’organismes en suspension créent un courant d’eau à l’aide de leurs couronnes; les aliments sont conduits vers des mâchoires plates broyeuses. Les espèces carnivores, qui chassent de petites proies, ont en général une mâchoire pourvue de dents.
Certaines portent des couronnes ciliaires réduites et rampent sur les algues ; le mastax est alors projeté en avant et sert à brouter la couverture bactérienne, ou même à percer les végétaux et ingérer leur suc. Les mâchoires dans ce cas sont munies de dents pointues. Des espèces sédentaires possèdent des couronnes de cils renforcées par des épines ; elles attendent, leurs couronnes largement déployées, qu’une proie s’y pose ; leur mastax est peu développé.
Les rotifères sont si petits qu’il est possible de compter leurs noyaux cellulaires, dont le nombre est fixe pour une espèce donnée. On en trouve 900 à 1 000 pour la couche externe du corps, et seulement quelques dizaines pour l’estomac. Il ne s’agit pas vraiment de cellules, mais d’un tissu dépourvu de limites cellulaires, les noyaux baignant dans un cytoplasme commun.
Les rotifères se répartissent en trois classes. Les monogonontes vivent principalement en eau douce et se reproduisent avec un cycle complexe associant des femelles parthénogénétiques et des mâles nains. On reconnaît, de la deuxième classe, que les femelles des bdelloïdes terrestres ou d’eau douce. Les représentants dela troisième classe, les séisonides, sont marins et vivent fixés sur les Nebalia, des crustacés primitifs ; leur cycle reproducteur est normal.