Sangsues
Les sangsues se déplacent en arpentant : elles fixent alternativement leur ventouse antérieure et leur ventouse postérieure. Les acanthobdelliformes se servent de la même manière de leurs soies et de leur ventouse postérieure. Chez les sangsues, hermaphrodites, l’accouplement s’effectue selon un mode voisin de celui des oligochètes, ou par insémination trauma- tique (voir Oxyures). Chez les sangsues à trompe (rhynchobdelliformes) et les sangsues à pharynx (pharyngobdelliformes), les spermatozoïdes sont accumulés dans des sacs, les spermatophores, qui sont déposés sur l’épiderme du partenaire lors de l’accouplement. Les spermatozoïdes pénètrent la cuticule, passent dans la cavité générale, et gagnent les ovaires.
Certaines sangsues transportent le cocon sur leur face ventrale et protègent leurs jeunes. A l’éclosion, ceux-ci se fixent sur le tégument de leur mère et peuvent s’y maintenir plusieurs mois ; une espèce africaine, Marsupiobdella africana, possède une poche incubatrice.
Prédatrices ou parasites
Les sangsues se nourrissent de tissus animaux. Certaines, prédatrices, s’attaquent aux vers de terre, limaces, larves d’insectes, ou à leurs congénères, qu’elles saisissent par le milieu du corps et déglutissent peu à peu. On a même pu observer certaines d’entre elles dévorant le cadavre d’un crapaud. Les sangsues suceuses de sang pratiquent la ponction, selon des modes qui varient en fonction de la morphologie de leur appareil buccal. Celle- ci sert de base à leur classification.
Chez les sangsues à trompe, la première partie de l’intestin peut se retourner à travers la ventouse buccale et fait office de trompe piquante : Theromyzon tessulatum pénètre dans la bouche et le nez des oiseaux aquatiques, se fixe sur les muqueuses et peut les asphyxier lorsque le volume de son corps augmente au cours du repas de sang. Chez les sangsues à pharynx, il n’existe pas d’appareil vulnérant et la succion est l’effet des contractions du pharynx, long et musclé. Les sangsues à mâchoires (gnathobdelliformes) ont un pharynx muni de plaques garnies de denticules, avec lesquels elles incisent la peau de leurs proies ; à ce groupe appartient la sangsue médicinale (Hirudo medicinalis).
La sécrétion des glandes buccales des sangsues contient une substance anticoagulante, l’hirudine, qui entretient l’hémorragie même après le repas de sang. Les sangsues suceuses de sang peuvent ne pas s’alimenter pendant six mois, parfois un an ou un an et demi. Les espèces prédatrices résistent moins facilement au jeûne.
Les sangsues et la parasitologie
Les sangsues sont, pour la plupart, des parasites temporaires qui abandonnent leur hôte après s’être gorgées de sang. Certaines, pourtant, restent fixées à demeure, ou deviennent des parasites permanents en s’installant dans l’estomac ou les voies respiratoires de leur hôte. Dans les régions tropicales, des centaines de sangsues se laissent parfois tomber des arbres sur le même individu, qui subit ainsi les effets d’une ponction sanguine considérable. De plus, les sangsues peuvent être pathogènes, la surinfection des plaies qu’elles provoquent entraînant des complications graves. Elles jouent également un rôle dans la transmission de certaines maladies des animaux et de l’homme.