Thon, maquereaux
Les scombroïdes ne comptent qu’une centaine d’espèces au total, mais beaucoup sont ubiquistes et représentées par des populations très nombreuses ; certaines atteignant de grandes tailles et étant appréciées des gastronomes, on comprend qu’elles figurent en bonne place dans les statistiques de pêche.
La classification des scombroïdes n’est pas simple; des 6 familles actuellement reconnues, 3 sont très importantes : les scombridés (thons et maquereaux), les xiphiidés, ou espadons, et les istiophoridés (voiliers, marlins et makaires). Les 3 autres familles sont les trichiuridés ou sabres, les gempylidés ou écoliers, bathypélagiques dont le plus commun sur nos côtes est le rouvet de l’Atlantique tropical, et les luvaridés pour le seul louvaréou, ou poisson- empereur.
Le poisson-empereur
Cette magnifique espèce de 2 mètres de long et d’une centaine de kilos a le dos gris-bleu, les flancs argentés à reflets rosés, la tête et les nageoires roses; on la reconnaît aisément à sa tête busquée qui lui donne l’allure d’un dauphin. Son long intestin traduit un régime alimentaire microphage. On la pêche aux palangres et au chalut. Ses formes larvaires aberrantes sont très différentes de l’adulte.
Des poissons péchés depuis l’Antiquité
On reconnaît les thons et les maquereaux aux pinnules qui suivent la seconde nageoire dorsale et la nageoire anale. Ces poissons pélagiques des mers chaudes et tempérées se déplacent en bancs souvent denses dans les eaux superficielles.
Leur pêche remonte à l’Antiquité, comme le montre leur figuration sur certaines mosaïques. Aux diverses mé-thodes classiques (filets, palangres, sennes, cannes et lignes) s’ajoutent des installations d’origine-phénicienne, les madragues, encore présentes en Méditerranée, sur les côtes africaines, ainsi qu’aux Philippines : des filets fixes, situés sur les voies de migration le long des côtes, conduisent les thons à une chambre de mort.
Cinq des 13 espèces de thons sont communes sur nos côtes. Tous ont le même profil avec 3 carènes horizontales de chaque côté du pédoncule caudal. Le plus réputé, le thon rouge, atteint 3 mètres pour un poids de 700 kilos; on le consomme frais ou en conserve et on traite parfois ses œufs en poutargue. Les autres sont le germon ou thon blanc (1,20 m; 30 kilos), la thonine (1 m; 17 kilos), la bonite à ventre rayé (80 cm; 9 kilos) et le bonitou (40 cm; 1 kilos). Au voisinage immédiat des thons se situent la palomète (1,30 m; 13 kg), moins épipélagique que les espèces précédentes, et la pélamide ou bonite à dos rayé (90 cm; 10 kg).
Les régimes alimentaires de tous ces poissons sont très semblables : poissons, crustacés et calmars, qu’ils chassent activement. La reproduction a lieu en eaux peu profondes, de mars à septembre suivant les espèces et les lieux.
Des 6 espèces de maquereaux, 4 vivent dans l’océan Indopacifique et 2 dans l’Atlantique; ces derniers, qui atteignent 50 centimètres de long, se reconnaissent aux bandes noires de leur dos : sinueuses chez le maquereau commun, en chevrons chez le maquereau espagnol. On les pêche du Maroc au cap Nord et à la mer Blanche, du cap Hatteras au Labrador, ainsi qu’en Méditerranée et en mer Noire. Ces poissons pélagiques et grégaires se déplacent en bancs compacts pour gagner les frayères, en mars et avril dans le golfe de Gascogne et au sud de l’Irlande, en juin et juillet en mer du Nord.
La ponte à lieu près du fond, par une centaine de mètres de profondeur, chaque femelle libérant 400 000 à 500 000 œufs qui remontent lentement vers la surface, où ils éclosent. La croissance est rapide jusqu’à la troisième année, quand est atteinte la maturité sexuelle, puis elle ralentit fortement; la longévité est d’une quinzaine d’années.
Wahoo et thazard
Vingt espèces, surtout tropicales, sont intermédiaires entre thons et maquereaux. Le wahoo au corps allongé (1,50 m; 50 kilos) est pourchassé dans l’océan Indien par les pêcheurs au gros, qui apprécient son énergique résistance ; le thazard (2 m; 100 kilos), qui a envahi la Méditerranée via le canal de Suez, se nourrit de sardines et d’anchois.
L’espadon : le poisson-épée
Seul représentant de sa famille, l’espadon ou poisson-épée est caractérisé par le long rostre pointu qu’il utilise pour assommer ses victimes ; sa première nageoire dorsale est courte, sa carène caudale simple, et sa caudale en croissant. L’adulte n’a pas de nageoires pelviennes; sa peau est nue, et sa bouche dépourvue de dents. Avec 4,50 m et plias de 500 kilos, c’est un des plus gros poissons du large.
Solitaire ou en couple, il reste près des côtes le jour, vers 100 mètres de profondeur, puis, la nuit, gagne le large où il se nourrit de poissons et de calmars. Dans l’Atlantique, il se confine dans les eaux relativement chaudes, mais le Gulf Stream le conduit jusqu’au nord de la Grande-Bretagne et en Norvège. Agressif, il n’hésite pas à attaquer les baleines ou les bateaux. Il se reproduit en été, en Méditerranée dans le détroit de Messine, dans l’Atlantique dans des eaux de température supérieure à 22 °C. Il est surtout péché à la ligne.
De belles occasions de pêche sportive
Voiliers, makaires et marlins, à la chair fameuse, sont des poissons tropicaux qui ressemblent à l’espadon par leur rostre, bien qu’il soit plus court, mais qui en diffèrent par la première nageoire dorsale très longue, les 2 carènes stabilisatrices du pédoncule caudal, les nageoires pelviennes présentes, les petites écailles qui couvrent la peau et la bouche armée de dents. Des 10 espèces de cette famille, 4 se rapprochent parfois de nos côtes : le makaire bleu (4,50 m; 900 kilos), un des trophées les plus recherchés des pêcheurs sportifs; le makaire blanc (2,50 m; 75 kilos) et le marlin (2 m; 40 kilos) qui sont aussi de belles prises; le voilier (1,85 m; 30 kilos) est surtout remarquable par sa haute dorsale bleue qu’il dresse souvent hors de l’eau comme une voile.