Les autres fibres naturelles végétales : Le jute: jute plante
Le jute ou «chanvre de Bengale» est connu depuis la préhistoire. On le trouve notamment dans les temps bibliques, où il servait à la confection de « robes de bure ». Cultivé depuis longtemps dans la région du golfe du Bengale, il est exporté vers l’Europe dès 1790 ; les premières manufactures de filage du jute sont créées en 1822 à Dundee en Écosse. À partir de 1850, l’Inde développe ses propres filatures.
La plante et sa culture
Le jute est une dicotylédone appartenant à l’ordre des malvales, de la famille des malvacées, genre Corchorus. Deux espèces principales sont cultivées: C. capsularis, ou jute blanc, et C. olitorius, ou jute rouge. On peut signaler que deux autres malvales, de la famille des malvacées, Hibiscus cannabinus (kénaf) et Urena pobata, peuvent être utilisées comme des succédanés du jute.
Le jute est une plante herbacée annuelle, qui mesure 3 à 4 m de hauteur et 3 cm de diamètre. Les tiges sont droites, les feuilles ovales et les fleurs jaunes de petite taille.
Sa culture nécessite un climat tropical, chaud et humide, et un sol alluvial ou argilo-sableux, ce qui explique son implantation préférentielle dans la région du golfe du Bengale. En Inde, les semis ont lieu de mars à mai après plusieurs labours. La récolte s’effectue d’août à septembre, après la floraison. Les plantes sont coupées au ras du sol, attachées en bottes, puis mises à sécher sur le sol pendant trois à six jours. Le rendement moyen est de 1,6 tonne à l’hectare sans apport d’engrais et peut atteindre 3 tonnes à l’hectare avec apport d’azote. La fibre représente environ 6 % du poids de la masse verte. La plantation mondiale de jute a diminué depuis 1970. L’Inde cultive 800000 hectares, le Bangladesh 650000 hectares. Le reste de la culture, qui représente 260 000 hectares, est assuré par de nombreux pays : Chine, Myanmar, Népal, Ouzbékistan, Pakistan, Bhoutan, Cambodge, Vietnam, Thaïlande, Iran, Egypte, Cameroun, Brésil.
Les fibres élémentaires, localisées en périphérie de la tige, sont péri- et intraphloémiennes et groupées en faisceaux. Elles sont très courtes, 2 à 3 mm de long environ et 16 pin de large, à section polygonale et sont fortement lignifiées (24%). Comme pour toutes les fibres précédentes, la paroi secondaire est très épaissie. De structure tripartite, elle est de nature cellulosique. Les fibres sont unies entre elles par une lamelle moyenne pec- tique imprégnée de lignines. La couleur de la fibre varie selon l’espèce, du blanc perle (C. capsularis) au brun noir avec toutes les teintes intermédiaires (C. olitorius). Elle se teint et se blanchit facilement. La fibre est raide, relativement grossière et rêche à cause de sa forte teneur en lignines, mais il existe des qualités supérieures moins lignifiées qui sont douces et lisses. Sa solidité est moindre que celle du lin, de la ramie ou du chanvre. La fibre doit être conservée à l’abri de l’humidité qui l’altère et la désagrège.
De la plante à la fibre
L’extraction de la fibre technique se fait entièrement manuellement. Après séchage, les tiges effeuillées subissent un rouissage en eau stagnante pendant 10 à 30 jours suivant les conditions climatiques. Elles sont ensuite écrasées et décortiquées, ce qui permet d’extraire la filasse. Celle- ci mesure environ 2 m ; elle est lavée puis suspendue pour sécher au soleil avant d’être mise en balles.
Utilisations et débouchés
Le tableau de la figure ci-dessus montre les principaux secteurs d’utilisation actuels de la fibre de jute, à l’état brut ou blanchi. La principale utilisation est celle des sacs de transport pour produits agricoles, café, cacao, riz, fèves, etc. Les sacs de jute sont préférables à ceux de polypropylène, car ils sont perméables et biodégradables. Cependant, l’utilisation d’huile et de lubrifiant pour assouplir la fibre en filature pose le problème des résidus risquant de contaminer les matières agricoles transportées. Aussi l’Organisation internationale du jute a-t-elle proposé, en 1998, un standard pour les sacs de jute et l’huile autorisée (non toxicité, absence de composés chimiques pouvant engendrer saveurs ou odeurs indésirables).
Le jute est également utilisé pour la corderie, la confection des dos de tapis, de toiles et de fils. La fibre se prête mal à la fabrication de textiles en raison de sa forte teneur en lignines. Cependant, après délignification et mélange avec d’autres fibres, comme le coton, le chanvre ou le lin, on peut obtenir des fils utilisables dans la confection de vêtements ou autres tissus. Des débouchés plus récents sont apparus. Dans les domaines géotextiles, les fibres servent à la confection de maillages larges et biodégradables à poser sur le sol pour limiter l’érosion et protéger les racines et les graines. Dans le domaine des plastiques, la fibre est ajoutée aux dérivés chimiques du pétrole dans des proportions pouvant aller jusqu’à 40%. La matière plastique ainsi obtenue revient moins cher et utilise moins d’hydrocarbures; elle peut être utilisée dans l’industrie automobile, par exemple. Dans les domaines des substituts du bois, le jute peut entrer dans la fabrication de papiers ou la confection de planches par collage à chaud des fibres, donnant un matériau résistant au feu, aux insectes et de faible conductivité.
La production mondiale de fibres de jute est concentrée surtout en Inde et au Bangladesh en raison du climat tropical humide et de l’abondance de la main-d’œuvre. L’Inde assure 60% de la production mondiale avec un peu plus de 1,5 milliard de tonnes, le Bangladesh 31% avec moins d’i milliard de tonnes. Ce sont aussi les premiers exportateurs, non seulement de fibres mais aussi de produits finis (fils, tissus, sacs…). Le commerce de la fibre a nettement diminué depuis 1970 en raison de la compétitivité des fibres synthétiques, en particulier le polypropylène, mais aussi parce que les pays producteurs assurent de plus en plus la transformation de la fibre. Cela explique que le commerce des produits finis a moins fortement diminué que celui des fibres.
Vidéo : Les autres fibres naturelles végétales : Le jute
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