Les facteurs du vieillissement : Le facteur cellulaire
Dans notre corps, vie et mort se cotoient. Après l’union de deux demi-cellules : spermatozoïde et ovule, tout résulte de divisions successives. Du stade embryonnaire à la mort, nos cellules, dont le nombre atteint environ 100 000 milliards, se reproduisent continuellement. Des cellules naissent, vieillissent, meurent. Le corps perd presque 1 milliard de cellules par jour ; la majorité sont remplacées par des cellules neuves. Certaines cellules durent quelques jours, d’autres quelques mois, d’autres comme les cellules nerveuses aussi longtemps que la vie car elles ne se renouvellent pas à partir des derniers mois de la vie intra-utérine ; ce sont les plus vieilles cellules de notre organisme. On peut distinguer en effet :
- Les cellules dites « intermitotiques » se reproduisent ; l’exemple le plus typique est la cellule intestinale, cellule très « animale », douée d’une grande activité métabolique et continuellement remplacée. Il est impossible de connaître son âge.
À la suite des travaux de A. Carrel sur la culture des tissus et des cellules extraits de l’organisme, l’idée s’était répandue que les cellules en culture étaient immortelles. Il a fallu attendre plusieurs décennies pour voir s’évanouir cette affirmation à la suite du modèle expérimental du « vieillissement en culture » proposé par Léonard Hayflick (1951). Dans de nombreux laboratoires, on a constaté que les cellules capables de proliférer dans les conditions de culture, les fibroblastes, sont fatalement « mortelles », contrairement à l’idée qui était répandue. Le nombre de divisions possibles est limité environ 50 + 10. Ce phénomène a été assimilé au vieillissement normal. On suppose que les enzymes de réparation de l’ADN sont alors moins efficaces. L’horloge régulatrice est probablement dans le noyau et non dans le cytoplasme. L’arrêt de reproduction serait due à une « fatigue » de la transcription du message génétique. Les usines cellulaires usées cessent de fonctionner.
- Les cellules très différenciées comme le neurone, dites « post-mitotiques », sont fixées, c’est-à-dire incapables de se diviser, de se reproduire. Après la naissance, il n’y a plus de cellules souches embryonnaires dans le cerveau. Il y a encore des mitoses dans le cervelet pendant la première année. Les cellules nerveuses ont l’âge de l’organisme qui les porte. Elles peuvent donc vivre jusqu’à plus de 100 ans.
Des chercheurs canadiens sont parvenus, grâce à une protéine produite par l’organisme lui-même,à induire la reproduction de certaines cellules cérébrales. Ils ont prélevé dans le cerveau de souris des cellules souches embryonnaires qui, selon les données classiques, n’existent plus quand le cerveau a atteint son plein développement. A leur grand étonnement, ils en ont trouvé dans celui des souris adultes. Ils les ont isolées et traitées avec le facteur de croissance épidermique (FCE), substance endogène qui a un rôle important dans la phase de développement. Les cellules se sont différenciées en neurones et en cellules gliales. Sur 1 000 cellules, une quinzaine ont poursuivi leur développement. Les chercheurs se proposent d’injecter directement le FCE dans le cerveau des animaux pour voir si les cellules souches peuvent être directement induites. La question posée est de savoir s’il existe des cellules souches embryonnaires dans le cerveau humain et si elles peuvent constituer un potentiel permettant de renouveler les neurones lésés ou morts ? Des chercheurs américains et suédoisauraient récemment démontré que la neurogénèse existe dans l’hippocampe du cerveau humain.
Pour le cerveau comme pour les autres viscères, une question essentielle se pose : le vieillissement prédomine-t-il, commence-t-il sur les cellules ou sur les artères ? Dans les traités, dans les comptes rendus, dans les certificats de décès, la priorité est généralement accordée dans la responsabilité des détériorations aux troubles circulatoires.