La mémoire du temps passé : La préhistoire de freud
Sigmund Freud
Freud propose cependant de voir l’origine de la représentation du temps dans le rapport discontinu que le système inconscient-conscient entretient avec le monde extérieur. Il lie cette représentation à celle de l’espace, et affirme clairement que le temps fait partie de la réalité. : il est la durée nécessaire à l’établissement d’un processus, d’un travail. On le voit dans l’accélération douloureuse de cette durée que constitue le sentiment de l’éphémère, mais aussi, à l’inverse, l’allongement interminable de l’ennui ou l’impatience de l’enfant qui veut devenir grand, c’est-à-dire abolir le temps qui le sépare de l’âge de ses parents. Le vécu passionné, le flash du toxicomane réduisent, en revanche, la durée à un point, indique le Dictionnaire de la psychanalyse d’Alain de Mijola.
Freud a aussi souligné avec justesse la désorganisation du temps que vivent beaucoup de malades mentaux atteints de névroses ou de psychoses. Ce qui se produit aussi lors des fantasmes, qui réunissent le passé, le présent et le futur dans une même représentation, ou lors d’hallucinations. Il a, certes, évoqué le temps dans les rêves, mais il affirme qu’il y est presque toujours remplacé par des représentations dans l’espace. Il utilise, curieusement, le terme de « préhistoire », pour définir le temps le plus reculé de la vie humaine, qu’il affirme être psychiquement inné. Il cherche ainsi à définir la psychanalyse comme la vraie science des origines. Il souligne l’importance des traumatismes de l’enfance, surtout entre deux et quatre ans, mais aussi bien plus tôt, évoquant même ceux de la naissance et de la toute première enfance. L’une de ses disciples, Mélanie Klein, soutiendra avec vigueur que ce qui se rattache au passé le plus ancien est ce qui est le plus déterminant, le plus fondamental pour le psychisme d’un individu. Mais le tableau qu’elle dresse des premiers mois de la vie est aujourd’hui très contesté par les psychologues modernes, et surtout les neurologues.
Les psychologues considèrent, en effet, avec une certaine distance les affirmations de Freud à propos des souvenirs de la toute première enfance. Ils estiment généralement, nous l’avons vu, qu’on ne peut pas garder en mémoire ce qui s’est passé avant l’âge de trois ans, car le cerveau de l’enfant n’est pas suffisamment développé pour que les souvenirs s’y fixent. De plus, les transformations qui se font, avant cette époque, dans le cerveau, ont pour conséquence de faire disparaître les cellules nerveuses ayant pu enregistrer ces souvenirs. Il a été prouvé par de nombreuses observations que le nourrisson ne peut retenir de souvenirs que pendant quelques minutes. « La très grande spécificité des souvenirs des nourrissons, le rôle très important que joue le contexte dans leur rappel, et la facilité avec laquelle ces premiers souvenirs se trouvent modifiés et actualisés par la suite, rendent pour les adultes l’accès aux expériences de leur première enfance très improbable » écrivent les psychologues américains Carolyn Rovee-Collier et Scott Adler.
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