Le temps du groupe : Les animaux ont-ils une mémoire ?
Les animaux pensent-ils?
Cette mémoire collective va prendre assez vite son second rôle, celui de transmettre des informations symboliques, qui deviendront tout aussi essentielles pour l’équilibre du groupe. C’est l’un des éléments qui nous distingue de l’animal, lequel ne sait ni théoriser ni inventer, et qui n’obéit qu’à une seule chose : la mémoire de son espèce, immuable, laquelle se traduit par des comportements instinctifs, intangibles, fixés une fois pour toutes. Il n’est pas impossible qu’une autre forme de mémoire soit présente dans le cerveau de l’animal – si elle l’est, ce serait une mémoire très différente de celle de l’homme. On constate cependant que des animaux peuvent être dressés, qu’ils réussissent des tests d’apprentissage, ce qui traduit qu’ils possèdent une mémoire. Mais, en général, ils vivent presque toujours uniquement dans le moment présent, même s’ils paraissent se référer parfois à des événements passés, ou prendre en compte un futur immédiat. Dans la plupart des cas, les comportements qui semblent faire appel à une sorte de mémoire sont des adaptations instinctives, automatiques, destinées à faire face à des situations liées à l’environnement tel qu’il est vécu dans le présent, ou répondant à un apprentissage pour les animaux vivant dans l’entourage de l’homme ou dressés en laboratoire.
En fait, il est très difficile de décider si les animaux ont de la mémoire, surtout au sens où nous entendons ce terme, c’est-à-dire la possibilité consciente de retrouver le souvenir d’une image abstraite. Un chien se souvient-il de son maître en l’absence de ce dernier ? A-t-il son image en mémoire ? Ce n’est pas certain. Il semble que les chimpanzés aient une mémoire en fonction d’un futur rapproché par exemple l’espoir de trouver une friandise cachée. Mais, on l’a vu plus haut, il ne faut pas qu’il s’écoule trop de temps entre le moment où l’on a caché la friandise et celui où l’animal est autorisé à la chercher. Si un singe a utilisé un bâton pour atteindre une banane suspendue au plafond, il ne se souviendra jamais de l’existence de ce bâton pour s’en servir plus tard. Les observations montrent que les singes en liberté possèdent encore moins de mémoire.
Des observations faites dans la nature sont pourtant troublantes. Les grenouilles qui lancent leur langue pour capter un insecte qui passe sous leurs yeux doivent calculer très précisément la trajectoire de leur langue en fonction du temps que leur proie mettra pour voler jusqu’à l’endroit où il sera pris – sinon, elles n’attraperont jamais rien. Son système nerveux doit posséder une horloge pour que l’espèce grenouille survive. Il faut aussi que les grenouilles se souviennent des expériences passées, même inconsciemment, et aient donc une forme de mémoire. Il en est de même pour le fauve qui se détend pour retomber sur la gazelle. Lui aussi doit prévoir la trajectoire de son saut, et doit garder en mémoire le souvenir des chasses précédentes, même si cela est inscrit de façon inconsciente dans son instinct de prédateur. Nous avons vu plus haut l’exemple des abeilles ou celui des oiseaux-mouches partant à la recherche de nectar au moment précis où il est le plus abondant. Il faut bien qu’ils en aient gardé le souvenir, même si ce dernier n’est qu’instinctif.
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