Le temps des cailloux : L'histoire de la terre
L’histoire de la terre
Tous les astronomes sont d’accord pour décider que la Terre s’est formée en même temps que le Soleil et tout ce qui l’entoure, son cortège de planètes et les millions de petits corps qui gravitent autour de lui. l.,c système solaire, ?ait de notre étoile et des planètes, est apparu au sein d’un gigantesque nuage de poussières et de gaz – essentiellement de l’hydrogène – tournant lentement sur lui-même, en une sorte de disque large de trente milliards de kilomètres. Par l’effet de la gravité, davantage de matière s’est réunie au centre de ce disque, formant le Soleil, en une centaine de millions d’années, tandis que d’autres concentration plus petites, donneront naissance aux planètes. La naissance de la Terre s’est donc produite vers quatre milliards six cents millions d’années. Peut-on être plus précis ? Oui, grâce à l’horloge de la désintégration radioactive de l’uranium. L’affaire se complique cependant du fait que la Terre, comme la plupart des autres corps célestes, n’est pas née en un jour, ni même en six. Elle s’est constituée petit à petit, par l’agglomération de fragments de matière qui se trouvaient alors à cet endroit de l’espace, essentiellement des poussières et des météorites, tombant sur elle.
Les astronomes appellent ce phénomène l’accrétion. Il aurait duré entre dix et cent millions d’années, suivant les auteurs, avec une préférence pour ce dernier chiffre, qui, résulte, comme les autres, de calculs théoriques faits sur des modèles. Ils apportent une hésitation sur l’âge réel de la Terre : faut-il considérer qu’elle est née au début ou à la fin de l’accrétion ? Plutôt à la fin pensent les spécialistes, c’est-à-dire lorsqu’elle possède son noyau et sur- tout son atmosphère .
Le premier, où vont se condenser les matériaux les plus lourds, comme le fer ou le nickel, est très chaud, et sa chaleur, qui tend à s’évacuer vers la surface, va jouer un rôle important dans la vie tumultueuse de la Terre, dans ses soubresauts, lesquels se poursuivent aujourd’hui encore sous la forme d’éruptions de volcans et de tremblements de terre. Les matériaux légers remonteront à la surface, certains d’entre eux, gazeux, formant peu à peu l’atmosphère de la Terre, laquelle jouera un rôle essentiel pour favoriser l’apparition de la vie. Les volcans n’ont cessé, depuis l’origine, d’envoyer d’importantes quantités de gaz vers l’atmosphère terrestre. L’Etna émet encore chaque jour trois cent mille tonnes de vapeur d’eau, dix mille tonnes de gaz carbonique, trois mille tonnes de gaz sulfureux. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui se passait il y a trois milliards d’années. On estime que c’est par milliers de milliards de tonnes qu’il faut chiffrer les quantités de gaz libérés depuis 1 origine, la vapeur d’eau ayant, par exemple, formé les océans.
Grâce à l’horloge radioactive, on a daté les plus anciennes roches existant aujourd’hui sur la Terre : elles remontent a quatre milliards d’années. Il ne reste donc aucune trace des premiers six cents millions d’années de la vie de la Terre, laquelle était alors était une boule en fusion, dont la température de 1 500 °C décroîtra rapidement par l’évaporation, ce qui va permettre à une croûte solide de se former – phénomène unique dans le système solaire. À l’intérieur de cette croûte, les milliards de tonnes de produits radioactifs continuent de provoquer, en se désintégrant, une chaleur intense, ce qui va susciter des mouvements spasmodiques. Dans le cadre de cette agitation dantesque, des roches se sont mélangées, d’autres ont fondu, ce qui explique qu’on ne trouve plus d éléments datant de l’origine
de notre planète.
Le visage de la Terre tel que nous le voyons, est relativement récent, par rapport aux temps géologiques. L’océan Atlantique n’a que cent soixante-cinq millions d’années, on ne connaît pas de fond océanique plus vieux que deux cents millions d’années. Contrairement à une belle légende, l’Atlantide et sa civilisation engloutie n’ont donc jamais existé : la croûte terrestre, au fond de l’Atlantique, s’est renouvelée en permanence, le magma remontant des profondeurs repoussant, à partir du milieu de l’océan, deux grandes plaques supportant l’écorce terrestre, ce qui fait qu’actuellement l’Europe et l’Amérique s’éloignent l’une de l’autre à raison de quelques centimètres par an – et il ne peut donc pas exister de civilisation disparue au fond de l’océan. Ces mouvements des plaques se sont manifestés à tous les âges de la Terre, depuis quelques centaines de millions d’années Himalaya, par exemple, s’est formé à la suite de la collision de l’Inde, dérivant depuis l’Antarctique et qui est venue frapper l’Asie il y a soixante millions d’années. Le choc continue s’amortir lentement, provoquant des tremblements de terre en Chine, après avoir créé la péninsule de l’Indochine et les îles de l’Extrême-Orient. La mer Rouge n’a que soixante millions d’années, elle s’ouvre peu à peu la plaque portant l’Afrique poussant inexorablement l’Arabie, et elle deviendra, dans autant de temps, un nouvel océan.
En utilisant la datation par le carbone 14 sur des restes végétaux carbonisés trouvés dans les laves, on a pu établir avec précision les dates des dernières éruptions volcaniques qui se sont produites sur le sol français. Celles de la chaîne des Puys, en Auvergne, ne s’est achevée qu’il y a deux mille neuf cents ans. Rien n’exclut qu’elle ne reprenne un jour. On date de la même manière l’évolution des niveaux des mers, en analysant le carbone des coquillages trouvés sur les anciens rivages, ce qui donne des indications très claires sur l’évolution des anciens climats, le niveau des océans s’élevant lorsque la température du globe, en se réchauffant, fait fondre les glaces des pôles. A l’inverse, les nombreuses périodes de glaciations qui ont ponctué l’histoire du globe, ont fait baisser le niveau des mers.
C’est en examinant des coraux fossiles, trouvés au début des années 1960 en creusant les fondations d’un gratte-ciel à New York, qu’on a découvert une horloge paléontologique formée de bandes sur ces fossiles d’animaux marins, correspondant à leur rythmes quotidiens de croissance. C’est ainsi qu’on s’est aperçu que l’année comptait autrefois davantage de jours qu’aujourd’hui, c’est-à-dire que la Terre tournait sur elle-même plus rapidement. Il y a six cents millions d’années, l’année comptait quatre cent vingt-cinq jours. Ce phénomène se poursuit aujourd’hui : le frottement des océans sur le fond des mers, dû aux marées, et les déformations de la Terre ralentissent sa rotation. La longueur du jour augmente donc régulièrement de deux millièmes de seconde par siècle. De même, la Lune s’éloigne de la Terre de quelques mètres par siècle, ce qui a pour effet d’accroître la durée du mois. H viendra un moment – lointain – où le jour terrestre équivaudra au mois lunaire futur, c’est à dire environ cinquante jours.
Au fait, pourquoi la Terre tourne-t-elle – comme le font tous les autres corps célestes ? Les astronomes pensent que ce mouvement a été lancé par la chute de cailloux de toutes dimensions, lors de la naissance de notre planète : tombant en biais, ils ont lancé ce mouvement de rotation qui, dans le vide, sans aucun freinage, n’a aucune raison de s’arrêter. Mais pourquoi les autres planètes tournent-elles dans le même sens – l’inverse des aiguilles d’une montre – sauf Vénus, qui tourne dans l’autre sens ? Les experts sont perplexes et estiment qu’au moment de la formation de Vénus, les cailloux qui l’ont frappé venaient de l’autre sens. L’explication paraît un peu facile, mais pourquoi pas ?
En fait, tout tourne dans l’univers. La Terre tourne autour du Soleil, lequel fait de même autour de la Voie lactée, notre galaxie. Pourquoi ? Pour les physiciens, l’explication est simple : la gravitation tend à faire tomber les uns sur les autres tous les corps célestes. Pour que l’univers ne soit pas un ensemble chaotique d’éléments qui s’entrechoquent sans cesse, une seule solution : tourner. Cela permet aux planètes, aux étoiles, aux galaxies, de rester en équilibre, la force centrifuge née de la rotation compensant la gravité. Une seule question : d’où vient la première pichenette qui a lancé cette rotation ? Il en est de même au cœur de toute matière : les électrons tournent autour du noyau de chaque atome. Serait-ce le mouvement primordial des premières particules nées dans l’univers qui aurait lancé de mouvement ? Autre question, mal résolue : l’Univers, dans son ensemble, tourne-t-il, lui aussi ? Si la réponse est oui, par rapport à quoi tourne-t-il ? En fait, les astronomes sont incapables de répondre à la question.