Démographie, urbanisation et structure de la consommation des pays pauvres
Selon les prévisions démographiques des Nations unies, la population mondiale pourrait atteindre 9 milliards d’habitants d’ici 2050, soit quatre fois plus que ce qu’elle était en 1950. La plus grande partie de cette augmentation se fera dans les pays les moins développés où les taux de croissance démographique sont, en moyenne, plus élevés. Cette évolution montre que les équilibres politiques et économiques mondiaux sont en train de changer rapidement. La question est de savoir si cette croissance démographique est soutenable en termes de besoins humains en nourriture, en eau et en ressources énergétiques.
Un élément important de l’évolution démographique est l’urbanisation. Selon le dernier rapport d’ONU-Habitat (2006), le monde compte désormais plus d’urbains que de ruraux. La part de la population urbaine dans la population mondiale, qui était de 3,5 milliards en 2006 pourrait passer à 6 milliards en 2050.
Chaque année, la population urbaine mondiale augmente de plus de 60 millions de personnes. La pauvreté est généralement plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines, mais cette répartition est en train de changer. En Amérique latine, où l’urbanisation a été très rapide, une majorité des pauvres vivent maintenant dans les zones urbaines. L’urbanisation entraîne une augmentation de la consommation énergétique du fait de l’augmentation de la demande d’énergie, notamment pour les transports (privés et publics).
L’urbanisation entraîne une plus grande utilisation de charbon de bois, au lien du bois de feu, et un besoin accru de produits pétroliers (kérosène, butane, essence, gasoil) et d’électricité. En outre, l’urbanisation pose le problème de la gestion des déchets.
Revenu et consommation énergétique
Dans les pays pauvres, la consommation énergétique par habitant est très faible. Elle est moins d’1 tep par jour dans les pays à faible revenu. La structure de leur bilan énergétique se présente très souvent de la façon suivante :
• une forte dépendance à la biomasse traditionnelle (bois, résida agricoles et bouses), qui a des effets négatifs sur la santé et l’environnement.
• L’utilisation de produits pétroliers pour l’éclairage (kérosène). La cuisine (butane), le transport (essence et gazole), la production d’électricité (gazole et fioul).
• Le taux d’électrification reste très faible.
La biomasse traditionnelle
Dans les pays en développement, plus de deux milliards de personnes dépendent de la biomasse traditionnelle pour la cuisine et le chauffage. Plus de la moitié de la population dépendant de la bio- masse vit en Inde et en Chine, mais la proportion de la population dépendante de la biomasse est beaucoup plus élevée en Afrique sursaharienne. En Asie de l’Est, la plus forte proportion de personnes utilisant la biomasse se trouve aux Philippines, en Thaïlande, au Myanmar, au Laos, au Cambodge et au Vietnam. L’Amérique latine comprendre aussi plusieurs pays très dépendants de la biomasse (Guatemala, Honduras, Nicaragua, etc.).
L’utilisation intensive de la biomasse a de nombreux effets négatif ? sur le développement économique, la santé et l’environnement.
• Une perte de temps : les femmes et les enfants passent plusieurs heures par jour à collecter du bois de feu et d’autres formes de bic- masse. Cela est souvent préjudiciable à des activités productives et à l’éducation. Dans les régions rurales en Afrique subsaharienne, de nombreuses femmes portent 20 kg de bois de chauffage sur une moyenne de cinq kilomètres par jour, tous les jours (AIE, 2002).
• Des problèmes d’ordre sanitaire : l’utilisation de la biomasse dan? les fours et les foyers traditionnels est non seulement inefficace (très faibles rendements) mais constitue aussi un danger pour la santé des utilisateurs. La combustion du bois est incomplète et elle dégage des gaz dont la toxicité est accrue par le manque de ventilation, cause d’une forte pollution intérieure (Bruce et al., 2000). Cette pollution es: cause de maladies respiratoires, de cancers, de tuberculose, et elle entraîne des pertes de poids et des maladies oculaires chez des nouveau-nés (Bruce et al., 2000). Les femmes et les enfants sont les premiers concernés par ce problème.
• L’environnement : la collecte et l’utilisation du bois de feu sont une cause supplémentaire de déforestation, d’érosion, de dégradation des sols et de désertification. Par ailleurs, l’utilisation des bouses pour la production de chaleur réduit les quantités disponibles pour la production d’engrais.
Le manque d’accès à l’électricité
Dans les pays à bas revenu, le taux d’électrification est faible : moins de 25 % dans les pays d’Afrique Sub-saharienne, 50 % en Asie du Sud, 80 % en Amérique latine. Dans les pays les plus pauvres comme le Burkina Faso, la République démocratique du Congo et le Mozambique, le taux d’électrification est inférieur à 10 %. Plus de 80 % des personnes qui n’ont pas accès à l’électricité se trouvent en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne. Le manque d’accès à l’électricité est fortement corrélé avec le niveau de revenu, mais il est également lié aux caractéristiques géographiques du pays et à la densité de la population. Dans certains pays pauvres à forte croissance démographique, le taux d’électrification, quoique faible au départ, est en déclin en raison du manque d’investissements, de la mauvaise gestion et du manque d’entretien des installations existantes. Les pannes et les délestages sont ainsi très fréquents. La situation peut être aggravée par l’augmentation des prix du pétrole, dans la mesure où de nombreuses centrales fonctionnent au fioul.
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