Les fonctions économiques des marchés dérivés
Si la fonction économique centrale des marchés dérivés est la gestion des risques de prix, ils rendent aussi possible la spéculation l’arbitrage, la découverte des prix et de la volatilité, ainsi que l’efficacité transactionnelle.
La gestion des risques
Les marchés dérivés sont généralement créés en réponse à la volatilité affectant un actif sous-jacent. Leur fonction principale est donc d’assurer une protection contre les fluctuations du prix de l’actif support 10. Les opérateurs en demande de couverture sont habituellement prêts à payer pour obtenir un tel service : leurs interventions sur les marchés dérivés n’ont pas pour but de générer un profit.
Sur les marchés dérivés, le risque est géré d’une manière spécifique : il est transféré à certaines catégories de participants, qui désirent l’assumer. Par conséquent, le risque n’est pas mis en commun comme c’est le cas dans le domaine de l’assurance. Il n’est pas non plus diversifié, comme dans le cadre de la gestion de portefeuille. Par ailleurs, le transfert du risque implique sa réallocation entre les opérateurs. En aucun cas il ne disparaît : la perte subie par un opérateur est toujours compensée par le gain d’un ou de plusieurs autres. Les marchés dérivés sont donc des jeux à somme nulle et non des casinos
La plupart du temps, le risque n’est pas seulement transféré d’un opérateur en demande de couverture à un autre participant au marché. Sur les marchés organisés, grâce à la standardisation et à la très forte liquidité du marché, lorsqu’un opérateur se débarrasse d’un risque, celui-ci est segmenté en plusieurs « tranches » de taille réduite, assumées par plusieurs personnes ou institutions. Cette possibilité de repartir le risque explique pourquoi le volume des transactions entre- partit sur les marchés dérivés peut être bien supérieur aux quantités traitées sur le marché physique. Ce phénomène ne reflète ni une dérive, ni une faiblesse de fonctionnement des marchés. Au contraire, voir la possibilité de partager le risque entre de nombreuses contre- parties peut réduire le prix à payer pour obtenir une protection contre .as fluctuations du prix de l’actif sous-jacent. Naturellement, une telle redistribution implique qu’il n’est pas facile, en particulier sur les marchés de gré à gré purs, de savoir où se trouve le risque et qui le porte.
Spéculation et arbitrage
Contrairement à la couverture, la spéculation vise explicitement à générer un profit. Ce n’est pas une surprise, dans la mesure où les spéculateurs endossent des risques dont d’autres souhaitent se défaire. Ils rendent ainsi un service essentiel pour le fonctionnement du marché, et demandent une rémunération en contrepartie.
Il peut être tentant d’imaginer qu’au fond, les spéculateurs ne sont pas nécessaires, puisque, sur un marché dérivé, les opérateurs à la recherche d’une protection contre le risque de baisse des prix font naturellement face à ceux qui souhaitent éviter une hausse. Cette idée n’est cependant pas pertinente. S’ils ont une appréhension correcte du fonctionnement du marché physique, il est en effet fort probable que tous les opérateurs auront des anticipations relativement homogènes quant aux évolutions futures des cours ; et lorsque l’ensemble du marché s’attend à une augmentation des prix, ceux qui souhaitent éviter une baisse disparaissent… d’où la nécessité que des spéculateurs interviennent.
Il est également important que les spéculateurs soient nombreux sur un marché dérivé, afin de pouvoir « découper » le risque. En effet, un spéculateur parie que le marché dans son ensemble a tort, tout au moins sur un horizon très réduit. Si ses anticipations s’avèrent être fausses, le spéculateur doit pouvoir compenser sa position très rapidement. Ce faisant, il cédera sa place à autre spéculateur, prêt à assumer à son tour une petite partie du risque. Ainsi, les spéculateurs gagnent de l’argent tout en permettant à ceux qui le souhaitent de trouver une protection contre les fluctuations des prix. Leur fonction est essentielle.
L’arbitrage vise lui aussi à réaliser des profits, mais il procède selon une autre méthode. En effet, son objectif est d’exploiter une « situation anormale » d’un point de vue économique, apparaissant sur un marché (il peut s’agir, par exemple, d’un écart de prix plut important que d’habitude sur deux qualités proches de pétrole brut, se manifestant suite à une demande particulièrement forte sur l’une de ces deux matières premières et pas sur l’autre). L’arbitrage n’étant pas censé être risqué (ce qui constitue une autre différence notable avec la spéculation), l’opportunité de bénéficier d’un profit sans risque attire de nombreux d’opérateurs, ce qui tend à faire disparaître la situation anormale et à restaurer l’équilibre du marché.
La présence d’arbitragistes est donc très importante sur les marchés dérivés car ils assurent, entre autres, que les prix des instruments dérivés restent liés à celui de l’actif sous-jacent. En d’autres termes, les arbitragistes assurent la convergence entre les marchés dérivés et les marchés physiques .
Naturellement, les choses ne sont pas si simples. Couverture, spéculation et arbitrage ne sont pas des concepts aussi distincts les uns des autres qu’ils peuvent le sembler à la lecture des paragraphes qui précèdent. Parfois la couverture se transforme en spéculation. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un opérateur compense sa position sur un contrat futures dans le but de bénéficier d’une évolution favorable des prix. Quant à l’arbitrage, il comporte bien souvent une dimension spéculative. D’où les difficultés à quantifier et à identifier les opérations de couverture, de spéculation et d’arbitrage.
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