Bisons
A l’époque des glaciations, les bisons peuplaient tout l’hémisphère nord et vivaient aussi bien dans les forêts primaires que dans les steppes. Leurs troupeaux, continuellement à la recherche de nouveaux pâturages, migraient au fil des saisons, empruntant les mêmes trajets, et traçant au cours des siècles de véritable pistes, qu’utilisèrent les premiers colons en route vers l’Ouest américain.
Un galop de 45 km/h
Les bisons de prairie se nourrissent de plantes herbacées, ceux de forêt de feuilles, de pousses et de l’écorce des arbres. En hiver, ils consomment les lichens et les mousses. En général, les bisons marchent ou trottent; ils sont capables d’atteindre 45 km/h au galop. A l’époque du rut, les taureaux et les vaches se réunissent en grands troupeaux. Les mâles luttent entre eux, parfois jusqu’à la mort. Le reste de l’année, les troupeaux se dispersent en petites hardes d’une vingtaine d’individus, guidés par une vache expérimentée. Les vieux mâles vivent souvent en solitaires.
Deux espèces miraculées
Les bisons ont été proches de l’extinction et leur survie actuelle est le résultat de l’action de quelques protecteurs de la nature. Dans l’Antiquité, le bison d’Europe était abondant, et Aristote évoque cet animal qui «« les pieds fourchus, une crinière et deux cornes recourbées sur elles-mêmes, (…) et vit en Péonie et Médie », c’est-à-dire en Thrace et en Iran, ajoutant que «sa chair est agréable, c’est pourquoi on lui fait la chasse.
Les chasseurs et le défrichement intensif des forêts ont réduit progressivement, depuis le Moyen Age, l’aire de répartition du bison d’Europe, qui s’étendait primitivement de l’Espagne à la Chine. Le dernier spécimen sauvage fut abattu en 1921, dans la forêt de Bialowieza, en Pologne. L’espèce a été reconstituée à partir de quelques dizaines de spécimens qui vivaient dispersés dans les zoos européens De petits troupeaux ont maintenant été relâchés dans leur forêt d’origine.
Avant la colonisation de l’Amérique, les bisons occupaient ce continent du Mississippi aux montagnes Rocheuses, et de l’Alaska jusqu’au nord du Mexique. On évalue leur effectif, à cette époque, à 60 millions. Au siècle dernier, des chasseurs professionnels furent engagés pour fournir de la viande fraîche aux ouvriers du rail. Ces ponctions répétées (le -célèbre Buffalo Bill massacra à lui seul plusieurs milliers d’animaux) furent suivies de véritables campagnes d’extermination qui avaient pour but avoué de réduire à la famine lès populations indiennes : on estime que durant cette période 2,5 millions d’animaux périrent annuellement.
Cette chasse sans gloire était facilitée par un comportement particulier de l’animal, qui ne fuit pas devant le cadavre d’un congénère, mais le flaire et le pousse de ses cornes comme s’il tentait de l’aider à se relever. Les chasseurs peuvent ainsi abattre successivement plusieurs animaux d’un même troupeau. Leur effectif, tombé à moins d’un millier à la fin du XIXe siècle, est aujourd’hui de quelques dizaines de milliers : ils sont strictement cantonnés dans des réserves.