Bryozoaires
Vu de l’extérieur, un bryozoaire est composé d’une accumulation de logettes contenant chacune un individu. Chaque logette est une petite boîte de 0,5 à 2 millimètres de long, généralement calcifiée, ornementée d’épines et perforée sur sa face supérieure. Avec les cavités cœlomiques, les divers tissus et les gonades qu’elle contient, la logette constitue la partie permanente du bryozoaire : le cystide.
La vie en logettes
Le cystide produit par bourgeonnement un polypide, organe constitué des tentacules, du tube digestif et des muscles, chargé de nourrir l’ensemble. Il vit peu de temps : il se rétracte dans la logette, s’y désorganise ; un nouveau polypide bourgeonne alors et inclut dans son tube digestif les débris du précédent, qui. après digestion, sera expulsé par l’anus.
Lorsque l’animal est au repos, la logette est le plus souvent fermée par un couvercle monté sur une charnière. Pour s’alimenter. le polypide émerge et étend un anneau de tentacules ciliés, le lophophore, au fond duquel s’ouvre la bouche. Une grande partie de la logette est occupée par un estomac volumineux et, après un intestin court, l’anus débouche à l’extérieur de la couronne de tentacules; cette disposition est à l’origine du nom du phylum : Ec- toprocta (du grec ektos : au-dehors, et prôktos : anus).
Le polypide se déploie dans l’eau sous l’action d’un système hydraulique et se replie dans la logette grâce à des muscles puissants. La liaison entre les logettes est assurée par des cordons cellulaires continus. qui passent de loge en loge par de petites perforations.
Les produits de déchet sont stockés dans les polypides sous la forme d’un corps brun, expulsé au moment de la disparition du polypide.
Toutes les logettes d’une même coloniene sont pas semblables. Certaines, qui ne contiennent pas de polypide, se transforment pour fixer la colonie au substrat. Ce sont parfois des fils, longs de plusieurs millimètres, qui vont perforer une éponge pour atteindre le rocher et soulever l’ensemble de la colonie au- dessus de la surface vivante de l’éponge.
Les adaptations les plus spectaculaires sont les vi- braculaires, logettes dont l’opercule se modifie en épine mobile longue de plusieurs millimètres ; les aviculaires sont également remarquables : en forme de bec d’oiseau, ils assurent à la fois la défense de la colonie et le nettoyage de sa surface. Les bryozoaires sont hermaphrodites. La plupart abritent leurs œufs en incubation dans une protubérance de la logette. La larve, ciliée et nageuse, a une structure complexe très différente de celle de l’adulte.
Coopération entre polypides
Chaque polypide filtre l’eau grâce à ses tentacules ciliés. On a récemment montré que des polypides voisins peuvent, en s’orientant les uns par rapport aux autres, coopérer pour améliorer le rendement de la filtration en créant des courants d’eau organisés, de véritables cheminées, en particulier pour éjecter l’eau et les particules indésirables. Une particule trop lourde peut aussi passer de polypide en poly¬pide pour être évacuée sur le pourtour de la colonie. Certaines colonies s’organisent selon un plan hélicoïdal. Cet agencement des logettes participe également à la création de courants d’eau organisés.
Les bryozoaires sont divisés en trois classes : les phylactolèmes, qui vivent dans les eaux douces, ont des colonies chitineuses ou gélatineuses, et présentent souvent une couronne de tentacules en forme de fer à cheval; les sténolèmes, tous marins, ont des logettes tubulaires ou en forme de trompette; les gymnolèmes représentent le groupe le plus diversifié, avec des logettes souvent disposées selon un plan très précis.