De la radioactivité artificielle à l'énergie de fission : La dernière joie de Marie Curie
La dernière joie de Marie Curie
Le bonheur d’Irène et de Frédéric, la sensation de plénitude que leur apportait le sentiment d’avoir surmonté le mauvais sort qui les avait tenus au bord de découvertes majeures, réalisées finalement par d’autres, furent bientôt assombris par l’état de santé de Marie Curie. Celle-ci était déjà souffrante depuis plusieurs années. Ses mains avaient été rongées et tout son corps affaibli par les rayonnements qu’elle avait reçus. Ces rayonnements provenaient du radium, bien sûr, mais aussi des appareils de radiographie qu’elle avait mis en œuvre sur le Front pendant la guerre de 1914-1918. Marie allait s’éteindre d’une leucémie en juillet 1934.
Mais Irène et Frédéric eurent la consolation de lui avoir procuré sa dernière grande joie de scientifique. Pour elle, la découverte de la radioactivité artificielle était une sorte d’ultime consécration.
Elle consacrait sa découverte initiale du phénomène de radioactivité, en généralisant encore sa portée. La mise en évidence de quelques noyaux radioactifs légers laissait en effet supposer que beaucoup d’autres allaient suivre. En fait la plupart des noyaux restant à découvrir allaient s’avérer radioactifs, et les isotopes stables constitueraient désormais l’exception !
Cette magnifique découverte justifiait l’énergie qu’elle avait dépensée sans relâche, seule après le décès prématuré de Pierre, pour créer l’institut du radium, le diriger magistralement pendant de longues années, et le conserver, avec l’appui des jeunes physiciens dont elle avait su s’entourer, dans le groupe de tête des laboratoires de recherche européens.
Elle récompensait son insistance et sa persévérance à vouloir garder la maîtrise des sources radioactives intenses de radium et de polonium. Les premières s’étaient avérées aussi précieuses pour la recherche scientifique que pour leurs applications médicales, les secondes venaient de jouer un rôle clé dans la nouvelle découverte, fournissant l’énergie et le projectile capables de transmuter les noyaux stables en isotopes radioactifs.
Enfin, et c’était sans doute le plus important, la découverte de la radioactivité artificielle consacrait la collaboration privilégiée qu’elle avait établie très tôt avec sa fille Irène, faisant d’elle de facto son héritière scientifique, statut que son gendre Frédéric partageait tout naturellement.
Marie Curie eut juste le temps d’ajouter un chapitre sur la radioactivité artificielle dans le traité qu’elle finissait de rédiger et qui fut publié à titre posthume.
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