Diptères
Ce sont les ailes postérieures profondément modifiées en balanciers, ou haltères, qui caractérisent avant tout les diptères. Ils possèdent par ailleurs des pièces buccales de type suceur formant une trompe de structure variable, avec laquelle ils aspirent les liquides, dont le sang et l’hémolymphe, mais jamais la sève des plantes. Les diptères ont une tête le plus souvent globuleuse, très mobile et bien distincte du thorax, et de gros yeux composés, qui peuvent comporter jusqu’à 4 000 ommatidies (yeux simples). Les antennes ont une forme et une importance différentes selon les sous-ordres. Le thorax a la particularité de présenter un grand segment médian, qui porte les ailes fonctionnelles. Tête et thorax sont dotés de soies sensorielles, les macrochètes, très utilisées en systématique.
Les ailes fonctionnelles, toujours membraneuses, sont rétrécies à leur partie proximale. Un grand nombre de diptères – qui peuvent être commensaux, insulaires, cavernicoles, etc. – ont des ailes antérieures réduites ou atrophiées. L’étude génétique des drosophiles a confirmé que les balanciers sont bien homologues aux ailes postérieures qu’ils remplacent, puisqu’on a réussi à obtenir des mutants possédant 2 paires d’ailes. Les haltères sont des organes très mobiles servant de stabilisateurs durant le vol.
Les pattes présentent des tarses pourvus de 5 articles et des griffes dont l’extrémité est dotée de coussinets membraneux, les pulvilles, qui permettent aux mouches de marcher au plafond et de grimper aux vitres.
Nématocères, brachycères et cyclorrhaphes
On distingue d’ordinaire 3 sous-ordres de diptères : les nématocères, dont les antennes filiformes comptent au moins 7 articles semblables ; les brachycères, qui sont des mouches plus robustes, ont des antennes de 3 articles; les cyclorrhaphes, enfin, aux antennes plus discrètes, dont la biologie larvaire est distincte de celle des 2 groupes précédents. Il s’agit en fait d’une classification pratique, mais qui ne reflète pas les réels liens de parenté entre grands groupes.
Des insectes omniprésents
On a recensé à ce jour quelque 100 000 espèces de diptères réparties sur la planète, mais ce nombre reste probablement bien en deçà de la réalité, si l’on considère la pullulation d’espèces dans les régions tropicales. L’omniprésence des mouches et des moustiques, tant en nature que dans les habitations, a facilité leur étude, mais de nombreuses espèces n’ayant pas d’interactions avec l’homme ont été délaissées, et l’on ne cesse d’en décrire de nouvelles.
Les diptères sont parvenus à un niveau d’évolution tel qu’ils ont su s’adapter aux environnements les plus variés, parfois les plus extrêmes : des abords des pôles aux déserts les plus arides, et du littoral à 6 000 mètres d’altitude dans le massif de l’Himalaya ; notons également qu’ils comptent parmi les très rares insectes capables de vivre en haute mer (diptères du genre Pontomyià).
Purin, pétrole, formol et vinaigre
Les niches écologiques occupées par les diptères sont d’une diversité extraordinaire : on en rencontre dans les eaux salées, saumâtres et douces, ainsi que dans les sources chaudes, où des larves peuvent supporter des températures proches de 40 °C. Les larves se rencontrent également dans les liquides exsudés par les végétaux et les résines, de même que dans les vases et purins d’origine animale ou végétale. Plus spectaculaire encore, certaines larves de diptères se développent dans le pétrole, le formol, le vinaigre…
Tous les milieux d’eau douce sont colonisés, y compris les réservoirs naturels : certaines espèces vivent en effet à l’état de larves dans les cavités des troncs d’arbres ou sur des plantes comme les broméliacées épiphytes tropi¬cales ou les cardères de nos régions. Enfin, quelques diptères se développent à l’intérieur des urnes des népenthès (plantes carnivores), où elles trouvent le gîte et le couvert. Le sol et l’humus, les substances végétales en décomposition, le bois et les champignons n’échappent pas non plus aux larves de diptères.
Le parenchyme des feuilles est le domaine de prédilection des agromyzidés, qui minent le feuillage à la manière de certains microlépidoptères. Par ailleurs, de nombreuses espèces provoquent des galles aux pousses, tiges et feuilles des plantes attaquées.
Les diptères parasites des autres insectes et des mammifères
Un certain nombre de diptères sont parasites d’autres insectes, soit externes (ectoparasites) soit internes (endopara- sites) ; on connaît également des espèces parasites de fourmis ou de termites. Oiseaux et mammifères, dont l’homme, sont attaqués par des diptères (callipho- ridés et œstridés notamment) qui infectent leurs plaies, occasionnant différents types de myiases.
Les myiases (du grec muta : mouche) cutanées sont dues à des larves de calli- phoridés qui se développent dans le derme des mammifères ; des larves de ces mêmes espèces détruisent les chairs, mortes ou encore vivantes, et sont à l’origine des myiases des plaies; enfin, les myiases cavitaires sont dues à des larves qui prolifèrent principalement dans l’estomac et l’intestin de leur hôte. Beaucoup de diptères se nourrissent de sang à l’état adulte et sont des vecteurs potentiels de germes pathogènes. Les larves parasites s’attaquent également aux invertébrés, vers, mollusques et crustacés; il s’agit le plus souvent d’endoparasites vivant dans une cavité de l’hôte, qu’ils affaiblissent ou tuent. Elles peuvent être alors de précieux auxiliaires de la lutte biologique.