Discoglosses
Le nom de l’archétype des discoglossidés, le genre Discoglossus, évoque une langue large, discoïde, soudée au plancher de la cavité buccale et qui ne peut être tirée. Discoglossus est méditerranéen et inclut au moins cinq espèces : D. nigri- venter (Israël) a été décrit il y a moins de cinquante ans et semble être définitivement éteint aujourd’hui. Les autres discoglosses se rencontrent au Maghreb, dans la péninsule Ibérique – débordant en France jusque dans l’Aude -, en Sicile, en Sardaigne, en Corse, sur les autres îles tyrrhéniennes et les îles d’Hyères.
Le discoglosse peint CD. pictus) est relativement abondant sur les rives des étangs et des rivières des Pyrénées-Orientales ; long de 7 à 8 centimètres, il ressemble superficiellement à une grenouille rousse, et présente une ornementation variable d’ocelles et de bandes brun foncé. Son cri est faible, car il n’a pas de sac vocal.
Les discoglosses pondent jusqu’à un millier d’œufs, en petits paquets déposés sur les plantes aquatiques; ils sont très voraces et peuvent se montrer cannibales à l’occasion.
Des sons de cloches
Le genre Barbourula ne comprend qu’une espèce, des Philippines, rare et menacée. Les crapauds du genre Bombina ont, pour leur part, une répartition typiquement paléarctique, mais discontinue : on connaît deux espèces européennes (B. variegata, B. bombina) et deux espèces asiatiques (B. maxima en Chine centrale et méridionale – qui, malgré son nom, atteint au plus 7 centimètres – et B. orientalis, dans l’extrême est de l’Asie, jusqu’en Sibérie orientale). Ces petits batraciens, très dépendants du milieu aquatique, émettent des sons modulés qui leur ont valu le nom vernaculaire de sonneurs.
Les trois espèces du genre Alytes sont limitées à l’ouest de la région paléarctique.L’une est confinée au centre de la péninsule Ibérique; une autre, récemment découverte, à quelques zones montagneuses de l’île de Majorque. La mieux connue, le crapaud accoucheur, se rencontre de l’Allemagne au Portugal et au Maroc. Plus encore que les sonneurs, les alytes produisent des sons cristallins rappelant une cloche lointaine.
Un mucus répulsif
En pleine journée, au printemps et au début de l’été, en lisière de forêt, on peut distinguer un faible chœur de chants plaintifs, modulés, sortes de po-ho-ho» longuement répétés, provenant d’une mare, d’un fossé, ou même d’une simple ornière inondée. Si l’on s’approche avec précaution, on peut observer, à demi émergés, de petits crapauds sonneurs (Bombina variegata) de 4 à 5 centimètres de long au plus ; leur dos verruqueux est uniformément grisâtre à brunâtre. En revanche, le ventre est orné de larges taches jaune vif ou orangé, plus ou moins confluentes, s’étendant jusqu’à l’extrémité des doigts. S’il est inquiété, l’animal s’immobilise dans une attitude rigide, relevant les membres et creusant le dos, exposant les marques vives du dessous de son corps. Si cette posture ne suffit pas, il sécrète par ses glandes cutanées un mucus irritant et répulsif; au contact d’une écorchure, cette substance peut indisposer un sujet sensible. Malgré ces comportements de défense, les sonneurs, très, aquatiques et probablement sensibles à la. pollution de l’eau, sont menacés et en forte régression en France.