Du temps sacré au temps profane : Toute action est projet
Toute action est projet
La rapidité croissante de la vie quotidienne laisse certains au bord du chemin. La vacuité du temps, l’absence de projet, donc de futur, au cours des périodes de chômage, explique souvent les troubles psychologiques de ceux qui ont perdu leur travail. Car toute action est projet, celui qui ne sait pas quoi faire de son temps n’a plus de projet, il devient peu à peu inapte à l’action. Chez les chômeurs, le temps se dégrade, l’envie d’agir s’efface lentement. Les sociologues estiment qu’un certain nombre de chômeurs doivent leur situation au fait qu’ils sont trop lents pour suivre les rythmes sans cesse accélérés de la vie de travail.
Il en est de même chez ceux qu’on appelle les « marginaux », qui refusent les contraintes de la société, et en particulier ne veulent pas se soumettre au temps de la société, ils ne prévoient plus rien, se laissent vivre au jour le jour, se contentant de ce qui se passe au moment présent. Ils se réfugient le plus souvent possible dans le sommeil, hors du temps. Le temps est devenu sans valeur pour eux, soit qu’ils la refusent, soit que cette notion ait disparue de leur esprit parce que les activités qui devaient remplir leur vie se sont effacées, appauvries, ou même évanouies. « Le futur, c’est ce dont j’ai désir ou besoin. Un être qui ne désirerait rien verrait se fermer devant lui le temps »,écrivait déjà le philosophe Jean-Marie Guyau au xixe siècle. De même que le temps des pauvres n’est pas le même que celui des riches, le temps des asociaux et des chômeurs n’est pas le même que celui des actifs.
Il ne suffit pas de ne pas posséder de montre pour échapper au temps, comme feignait de le croire le milliardaire et mythomane américain Howard Hughes, qui se vantait d’être le maître du temps. Il nous faut subir le temps, mais rien ne nous empêche de tenter de le dominer, de négocier, de ne pas se laisser envahir par cette pression sociale. « Il ne faut jamais remettre au jour même ce qu’on peut faire le lendemain », dit Charles Péguy dans l’une des rares phrases où il fait preuve d’humour. Il faudrait peut-être inclure dans les réformes de l’éducation des programmes de réapprentissage d’un temps plus humain. Rien, dans les programmes scolaires n’a trait à l’organisation du temps. On n’apprend pas au lycée ce qui est le plus important : à gérer son rythme de vie. Chacun de nous, consciemment ou non, doit jouer avec le temps. Et comme à tous les jeux, il y a de bons et de mauvais joueurs, des gagnants et des perdants. Le temps est imparti de la même manière pour tous. C’est sa gestion qui fait la différence entre ceux qui s’y sentent à l’aise et les autres, ceux qui passent leur vie à courir après le temps qui passe trop vite, ou ceux qui sont tristes et désespérés parce qu’il se déroule trop lentement. Il faudrait, pour bien gérer son temps, décider de le planifier, ce qui signifie installer une économie du temps, entre celui, obligatoire, mais malléable, des obligations professionnelles, et celui, plus ouvert, mais qui peut devenir envahissant, des loisirs. Il faut prendre le temps d’organiser son temps. Une profession reste à créer, celle des organisateurs en gestion du temps.
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