Dytiques
Dytiques
Les quelque 4 000 espèces de dytiques (famille des dytiscidés) connues fréquentent surtout les eaux douces de la région paléarctique. Ces insectes de taille variable (de 2 à 28 mm en Europe), aux pattes postérieures transformées en palettes natatoires, présentent un dimorphisme sexuel accusé : chez de nombreux genres, les mâles ont des élytres lisses et la base des tarses dilatée et garnie de ventouses adhésives, tandis que les femelles sont pourvues d’élytres sillonnés et de pattes simples. On connaît cependant des cas où les femelles sont représentées par deux formes (élytres lisses ou sillonnés). Les pelotes adhésives des mâles leur servent à se fixer aux femelles lors de l’accouplement.
Les larves des dytiques sont totalement aquatiques ; certaines sont marcheuses et ne possèdent pas de soies natatoires. Elles respirent l’oxygène dissous dans l’eau par voie cutanée, mais elles doivent aussi faire régulièrement provision d’air en surface. Chez ces carnivores, les lèvres sont fusionnées, laissant saillir un seul orifice à la base de chaque mandibule. La digestion est en effet extra-orale : la larve injecte à sa proie une salive paralysante qui dissout ensuite ses tissus. La nymphose a lieu dans une logette creusée dans le sol, parmi les débris.
Tous les dytiques adultes sont également carnivores ; ils s’attaquent à des proies, mortes ou vives, aussi grosses que des têtards, des salamandres, voire des petits poissons, qu’ils peuvent dévorer très rapidement.
Des amateurs d’eaux douces
Si la plupart des dytiques préfèrent les eaux pures à végétation dense, on connaît des espèces qui prospèrent dans les eaux saumâtres. Certaines se développent dans les lacs de montagne, vers 3 000 mètres d’altitude, d’autres fréquentent les eaux thermales et les nappes phréatiques, où elles sont alors aveugles et dépigmentées.
Enfin, quelques-unes vivent dans les réservoirs naturels des feuilles des broméliacées épiphytes.
Les dytiques s’accouplent sous l’eau, le mâle étant fermement fixé à sa partenaire grâce aux ventouses des tarses. La femelle pond à la surface ou à l’intérieur des végétaux aquatiques : les œufs adhèrent à leur support grâce à une sécrétion visqueuse. On connaît une espèce d’Amérique centrale qui pond dans les pontes d’amphi- biens : à leur naissance, les larves disposent de têtards frais éclos…
Une convergence due au milieu
Le gros hydrophile (Hydrophilus piceus), noir, luisant, au corps ovale doté d’une épine acérée sous le thorax, atteint 4 centimètres de long et son aspect général évoque celui des dytiques. Toutefois, alors que ces derniers sont apparentés aux carabes et appartiennent au sous- ordre des adéphages, les hydrophilidés sont des polyphages proches des scarabéidés. C’est l’occupation d’une même niche écologique qui a donné un aspect si semblable à ces insectes non apparentés.
Les hydrophiles sont essentiellement her-bivores – même si certains s’attaquent aux escargots aquatiques -, et leurs pattes sont souvent peu modifiées pour la nage. Mais c’est la façon de s’approvisionner en air qui sépare le plus nettement ces deux groupes : l’hydrophile remonte la tête en avant, perçant la surface de l’eau avec l’une de ses antennes. Le réservoir d’air est situé sous l’élytre et dans les poils du ventre, qui paraît argenté sous l’eau..