Guêpiers
L’ordre des coraciiformes rassemble des oiseaux au plumage brillant et d’aspect très varié. La plupart des familles ne sont représentées que dans les régions tropicales de l’Ancien et du Nouveau Monde. C’est le cas des momots et des todiers néotropicaux. En revanche, quelques autres possèdent des représentants en Europe. Ainsi, les familles des martins- pêcheurs (alcédinidés), des guêpiers (méropidés), des rolliers (coraciidés) et des huppes (upupidés) sont toutes représentées par une espèce dans nos contrées.
Le guêpier d’Europe a le dessous du corps vert ou bleu turquoise, la gorge jaune, le dos roux, les ailes bleu et vert, de même que la queue. De petite taille, les guêpiers ne dépassent pas 35 centimètres de long pour un poids de 85 grammes. On dénombre 24 espèces d’allure générale très semblable : une tête importante, portée par un cou assez court et terminée par un long bec incurvé vers le bas, de petites pattes, des doigts peu puissants et une longue queue prolongée par les deux rectrices médianes (sauf chez le guêpier à queue d’hirondelle). Les ailes sont arrondies chez les espèces forestières, longues et pointues chez celles qui migrent et chassent en milieu ouvert.
Les méropidés sont des oiseaux tropicaux dont l’origine géographique se situe certainement dans les forêts humides du Sud-Est asiatique. Le groupe aurait gagné l’Afrique secondairement et se serait différencié après que plusieurs populations ancestrales, inféodées aux forêts humides, eurent été séparées les unes des autres par la savane. De cette façon, les guêpiers à gorge rouge et les guêpiers à front blanc, habitants respectifs du nord et du sud de la région tropicale, auraient divergé à partir d’un ancêtre commun, il y a environ 75 000 ans.
Des amateurs d’abeilles
Contrairement à ce que leur nom vernaculaire français laisse entendre, les guêpiers se nourrissent de préférence d’abeilles. Si celles-ci viennent à manquer ou se font rares, ils consomment une grande variété de proies : guêpes, frelons, bourdons, libellules et demoiselles. Un guêpier d’Europe capture chaque jour environ 225 insectes pour donner la becquée à ses jeunes.
Le guêpier chasse à l’affût. Perché sur un arbre, un poteau ou une clôture, l’oiseau scrute les alentours. Sitôt la proie repérée, le guêpier, après une courte poursuite, la saisit dans son bec avant de regagner son perchoir, où l’insecte est frappé à plusieurs reprises. S’il est venimeux, le guêpier frotte l’extrémité de son l’abdomen sur le perchoir afin d’en extraire le venin, puis arrache les glandes à venin et l’aiguillon. Une fois immobilisée, la proie est avalée entière.
Les guêpiers nichent en colonies et creusent des cavités en guise de nids. Chez le guêpier d’Europe, le tunnel, ouvert dans une falaise argileuse ou sablonneuse, dans une sablière ou dans un talus de route, mesure entre 70 centimètres et 2,50 m et débouche sur une chambre de ponte. La femelle pond ses œufs (2 à 4 sous les tropiques, jusqu’à 7 en Eurasie) à un jour d’intervalle et commence à incuber dès la ponte du premier. Les poussins grandissent rapidement et prennent leur envol un mois après leur éclosion. Ils sont alors plus lourds de 20 % que les adultes. En France, le guêpier d’Europe se reproduit sur le pourtour méditerranéen, qu’il quitte dès l’automne pour rejoindre l’Afrique tropicale et méridionale.