La fin du pétrole : Les solutions à court terme
Les progrès techniques
Les progrès techniques peuvent avoir un effet important sur l’exploitation des gisements. Ces progrès sont constants, comme en témoigne le taux moyen de réussite des forages d’exploration, qui a presque doublé depuis un demi-siècle.
Les progrès techniques rendent possible la réduction des coûts d’exploitation des gisements et donc l’accès à des ressources dont l’extraction avait par le passé été jugée trop peu rentable. Ils permettent aussi de prolonger l’exploitation de champs de pétrole existants. Ainsi, au Mexique, le gisement géant de Cantarell a vu son débit multiplié par deux en 2000 à la suite de nouvelles techniques d’injection d’azote, destinées à améliorer l’extraction.
A l’avenir, les progrès vont avoir pour objectif de rendre possibles les forages extrêmes, c’est-à-dire situés à grande profondeur. En effet, les spécialistes de la recherche pétrolière manifestent un intérêt croissant pour les nappes très profondes, difficilement accessibles jusqu’à présent.
Déjà, dans les années 1990, la généralisation de la sismique 3D (qui donne une vision du sous-sol en trois dimensions) avait permis de déceler des pièges (comme les risques de puits secs) et des accumulations d’hydrocarbures qu’il était impossible de détecter jusqu’alors.
De plus en plus, le pétrole off-shore (en mer) attire les spécialistes. Il s’agit en effet du quart des réserves prouvées et il représente actuellement le tiers de la production mondiale. Faute d’exploration suffisante, on estime que les sous-sols des mers et des océans recèleraient d’importants gisements encore vierges.
L’exploitation du pétrole off-shore a commencé dans les années 1960 et, depuis, la profondeur des forages a été multipliée par 10, passant d’environ 300 mètres dans les années 1960 à 3 000 mètres de profondeur aujourd’hui. Parallèlement, les coûts d’un gisement off-shore ont diminué de 50 % depuis 20 ans.
Outre les gisements situés off-shore, des gisements terrestres font également l’objet de nouvelles prospections grâce aux progrès techniques tels que la sismique 3 D et d’autres méthodes d’imagerie : il s’agit de gisements enfouis à de très grandes profondeurs (à plus de 6 000 mètres sous terre) ou situés dans certaines chaînes de montagne, donc difficiles d’accès. Ainsi, l’institut français du pétrole étudie le potentiel des montagnes du Zagros, en Iran, région particulièrement riche en pétrole ; ce projet d’exploitation est soutenu par plusieurs grandes compagnies pétrolières internationales (ENI, Norsk Hydro, Repsol-YPF, Shell, Statoil), en partenariat avec la National Iranian Oil Company (NIOC).
Toutefois, une interrogation se pose aux grandes compagnies qui investissent dans le progrès technique : compte tenu des efforts visant à mieux maîtriser l’énergie et des recherches effectuées en faveur des énergies alternatives, que se passerait-il si l’on enregistrait une diminution de la demande ? Les investissements réalisés seraient-ils alors toujours rentables ?
Le pétrole non-conventionnel
Le pétrole dit non-conventionnel est un pétrole dense, visqueux, qu’il faut rendre fluide et plus léger pour pouvoir l’exploiter, le produire en quantités suffisantes et de façon économiquement rentable. Or, cela suppose de nombreuses difficultés techniques, tant au niveau de la production et du transport que du raffinage. Grâce aux progrès techniques réalisés, l’exploitation de ce pétrole non-conventionnel a déjà commencé. Pour le rendre fluide, on le chauffe en injectant de la vapeur ; la difficulté est ensuite de capter puis de réinjecter dans le sous-sol les grandes quantités de CO2 ainsi produites. D’importantes quantités de pétrole non-conventionnel (représentant un potentiel pratiquement équivalent aux réserves de pétrole du Moyen-Orient) se trouvent au Venezuela, dans le bassin du fleuve Orénoque, sous forme de bruts extra-lourds (une sorte de goudron qui doit subir un double raffinage avant de se transformer en essence) et à l’ouest du Canada, dans la province d’Alberta, sous forme de sables asphaltiques (des baies bitumineux) répartis dans trois immenses gisements (Athabasca River, Peace River et Cold Lake).
Au total, on estime que 600 milliards de barils pourraient être récupérés, soit vingt années de consommation actuelle10. Avec un potentiel de 175 milliards de barils, le Canada pourrait alors se trouver au 2e rang des pays producteurs de produits pétroliers (toutes catégories confondues, c’est-à-dire pétrole conventionnel et non-conventionnel), juste derrière l’Arabie Saoudite. Mais, pour l’instant, compte tenu de très importants coûts d’investissements (100 milliards de dollars d’ici à 2015) et des problèmes de pollution engendrés, la capacité d’extraction ne devrait pas dépasser 5 % de la production mondiale (soit 4 millions de barils/jour) au cours de la prochaine décennie.
Vidéo : La fin du pétrole : Les solutions à court terme
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La fin du pétrole : Les solutions à court terme