Lapins
Lièvres et lapins forment la famille très homogène des léporidés. Ces animaux assez particuliers sont tous bâtis de la même façon. Ils sont dotés de longues oreilles caractéristiques, très mobiles et très sensibles. Les membres postérieurs longs et puissants sont conformés pour le saut. La fourrure fine et isolante recouvre tout le corps, y compris les plantes et les paumes. Le crâne est une surprenante dentelle osseuse, dont la solidité indéniable va de pair avec une grande légèreté. Les gros yeux des léporidés les désignent comme étant des animaux principalement crépusculaires.
Les léporidés ont colonisé tous les milieux terrestres, pourvu qu’ils aient un minimum de végétation; seule la grande forêt équatoriale ne leur est pas propice. A l’état naturel, ils étaient présents sur tous les continents, sauf en Australie où ils ont été malencontreusement introduits. Deux genres dominent particulièrement cette famille peu variée : Lepus (les lièvres) et Sylvilagus {les lapins américains).
Dotés de pattes puissantes et dures, elles-mêmes armées de griffes aiguës, les léporidés pourraient être indifféremment coureurs et fouisseurs -tout-terrain; en fait, ils se répartissent selon une spécialisation écologique et fonctionnelle. S’ils sont très rapides au saut et à la course, ils ne creusent pas de terriers, tel le lièvre européen Lepus capensis-, s’ils sont fouisseurs, ils sont rapides en fuite, mais sans plus, tel le lapin. Toute leur défense vis-à- vis des prédateurs est passive : course qui paraît éperdue (avec des pointes à 80 km/h) ou camouflage et immobilité.
Des herbivores à mi-chemin des rongeurs et des ongulés
La stratégie écologique des lièvres et des lapins n’est pas éloignée de celle des ruminants. Comme la plupart de ces derniers, ce sont des herbivores presque exclusifs, aptes à faire leur affaire de végétaux coriaces et peu nutritifs; ce sont des brouteurs au cou étonnamment flexible. Toute leur denture est à croissance continue, de sorte que l’usure de leurs dents est compensée par leur pousse continuelle. Les résidus de la digestion parviennent, après l’intestin grêle, dans un gros cæcum où ils subissent une attaque bactérienne poussée; à partir du contenu cæcal, le gros intestin sélectionne deux sortes de crottes : les unes, riches en déchets fibreux et déshydratées, sont bonnes à être excrétées définitivement ; les autres, molles et riches en micro-organismes, sont réingérées pour subir une nouvelle digestion. Cette « rumination» d’un genre particulier s’appelle la cæcotrophie. Elle permet aux lagomorphes d’assimiler les riches composants des bactéries, tout en exploitant une nourriture de base pauvre et déséquilibrée.
Nidicoles ou nidifuges
La prolificité des léporidés est strictement liée à l’abondance de la végétation consommable et aux aléas climatiques; cela étant, les lapins (au sens large : Oryctola- gus, Sylvilagus, etc.) sont plus féconds que les lièvres en général. Deux stratégies s’opposent, avec une caractéristique commune : ou bien les petits naissent à l’air libre, poilus et les yeux ouverts (comme les levrauts), ou bien ils naissent larvaires au fond d’un terrier, nus et aveugles (comme les lapereaux) ; dans les deux cas, ils ne seront allaités que de loin en loin (voire une seule fois par jour) par une mère au lait très riche, mais qui ne s’attarde pas, sécurité et alimentation obligent.