Le prix du carbone
Il existe un large consensus au sein de la communauté économique internationale sur la nécessité d’établir un cadre pour la détermination du prix du carbone (de Perthuis, 2009). L’idée de base est que l’efficacité des politiques de réduction des émissions doit être fondée sur un prix du carbone qui est censé refléter le coût pour la collectivité du réchauffement climatique. Selon de récentes simulations réalisées par le FMI, le coût global des politiques fondées sur le prix du carbone – une taxe sur le carbone ou une extension des marchés de permis d’émissions avec plafonnements (cap and trade) ou encore des systèmes .
Le terme « carbone” est habituellement employé à la place de « dioxyde de carbone (C02).
hybrides qui combinent les deux – pourrait être modéré et bénéfique, à condition que ces politiques soient bien conçues et bien coordonnées . Le FMI conclut que le changement climatique peut être raisonnablement géré sans imposer de trop lourdes charges financières sur l’économie mondiale et sur les différents pays. Toutefois, il faut garder à l’esprit que ces politiques peuvent avoir des conséquences négatives telles que le ralentissement de la croissance, la hausse de l’inflation et la perte de la compétitivité de certains pays.
Le point de départ des nouvelles régulations est sans doute une extension du système européen d’échange de permis d’émissions (ETS ou European Trading Scheme ) . Des systèmes similaires (cap and trade) ont été mis en place par certains États dans les régions Est et Ouest des États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande. L’articulation entre des systèmes d’échanges régionaux pourrait constituer une première étape vers un marché mondial du carbone.
La communauté financière internationale suit attentivement le développement des marchés du carbone. Ces marchés peuvent ouvrir de très nombreuses opportunités d’affaire. Si les États-Unis participent à un marché mondial du carbone, ce marché pourrait représenter plusieurs milliers de milliards de dollars de transactions avant 2020. En outre, si les quotas d’émissions sont mis aux enchères, leur vente devrait fournir aux gouvernements des revenus substantiels. Si les marchés du carbone se développent, la finance-carbone pourrait jouer un rôle important dans la réalisation de l’équilibre entre la gestion du climat, comme bien public, et la production/consommation d’énergie qui porte sur des biens privés. Un marché mondial du carbone pourrait également favoriser des transferts de technologies propres vers les pays émergents si le Mécanisme de Développement Propre est étendu et amélioré ,
Toutefois, le développement des marchés du carbone ne suffit pas pour résoudre l’équation de Johannesburg (Stern, 2006 ; Stern et Tubiana, 2008). La mise en place institutionnelle d’un marché mondial du carbone est un long processus politique. En outre, les marchés du carbone ne concernent généralement que le dioxyde de carbone et il reste donc les problèmes posés par les autres gaz à effet de serre, le méthane notamment. Tous les problèmes sont imbriqués. La question de la déforestation, qui représente environ 17 pour cent des émissions mondiales de GES, illustre combien il est difficile de prendre des mesures. Le débat sur la « Réduction des Émissions résultant du Déboisement et de la Dégradation (REDD) », a été relancé à la conférence de Bali en 2007. L’idée est de fournir une compensation financière aux gouvernements qui agissent pour freiner la déforestation et de la dégradation (Rubio Alvarado et Wertz, 2007). Au-delà des difficultés techniques que pose la réalisation d’un tel accord, on se heurte à la question du financement et à la capacité pratique des gouvernements locaux pour contrôler effectivement les activités, souvent illégales, de déforestation.